Déjà accusée d’être intervenue dans la campagne présidentielle américaine, la Russie est-elle en train de faire pareil en France, à quelques mois du premier tour d’une élection qui s’annonce particulièrement indécise ? C’est en tout cas ce qu’assure le camp d’Emmanuel Macron, persuadé que la propagande russe relayée par certains médias en France souhaite nuire au candidat du mouvement En marche. Dans le viseur du camp Macron, deux sites, Russia Today et Sputnik news. "Ces deux sites, depuis plusieurs semaines, calomnient des candidats, dont Emmanuel Macron, et épargnent Marine Le Pen. La Russie a eu un rôle dans la campagne présidentielle américaine auprès de Donald Trump, auprès du Brexit et de la campagne qui s'est tenue en Grande-Bretagne. Elle est en train de s'ingérer dans la campagne présidentielle française et ce n'est pas normal", a ainsi déclaré à Sud Radio le porte-parole d’En marche, Benjamin Griveaux, ce lundi 13 février.
Russia Today "consterné" par ces "attaques sans fondement"
Alors que Richard Ferrand, proche d’Emmanuel Macron, est allé dans le même sens lundi soir sur France 2, les deux sites ont officiellement réagi. "RT rejette catégoriquement toutes les allégations selon lesquelles notre chaîne participerait à la divulgation de fausses informations en général et concernant la personne d’Emmanuel Macron ou l’élection présidentielle à venir à France. De plus, nous sommes consternés que de telles attaques sans fondement soient lancées sur des bases quotidiennes. En effet, il semble qu’il soit devenu acceptable de proférer de telles accusations contre RT sans apporter la moindre preuve pour les étayer de même qu’il semble devenu normal de décerner un label "fausses informations" à RT au sujet de n’importe quel article que l’on pourrait simplement trouver défavorable. C’est à la fois ironique et profondément décevant que dans ce noble combat contre les fausses informations, les standards journalistiques soient sacrifiés de cette manière quand la conversation porte sur RT", indique notamment Russia Today dans un communiqué.
Sputnik se défend de toute malveillance
Chez Sputnik, le son de cloche était peu ou prou le même. "Le collaborateur d'Emmanuel Macron a cité un article qui n'a jamais été publié par Sputnik. Il s'agit d'une publication dans un blog qui avance qu'Emmanuel Macron aurait séjourné au sein de la résidence officielle de l'ambassadeur de France "aux frais des contribuables français" lors de sa visite au Liban. M. Macron a démenti cette information, mais les rumeurs courent toujours. Il s'agit de la deuxième attaque médiatique contre Sputnik en moins d'une semaine. Le Nouvel Observateur a récemment accusé Sputnik, sans trop vérifier ses sources, se s'attaquer à Emmanuel Macron. En fait, il s'agissait d'un article rédigé par Sputnik à partir d'une interview que le fondateur de WikiLeaks Julian Assange avait accordée au journal russe Izvestia. Un fait établi que Sputnik n'a jamais cherché à cacher. Épinglé par la rédaction de Sputnik France, le Nouvel Observateur a concédé à rectifier l'article en précisant que c'est Assange qui affirme posséder des informations sur le candidat français", peut-on ainsi lire, là aussi dans un communiqué publié par le site.
Collard : "C’est du cinéma"
Interrogé ce mardi matin dans l’émission Territoires d’info sur Sud Radio, le député Gilbert Collard, proche de Marine Le Pen, a rapidement balayé la thèse d’interférences russes dans l’élection présidentielle à venir (à partir de 47’50 dans la vidéo en fin d’article) : "C’est du cinéma. C’est du cinéma… Les ingérences russes dans la campagne américaine n’ont pas été avérées. Pour l’instant, c’est "circulez, il n’y a rien à voir !". Et c’est exactement la même chose pour nous".