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Éric Coquerel : "Macron lançait sa campagne présidentielle"

Éric Coquerel était l’invité du “petit déjeuner politique” de Patrick Roger le 15 juin 2020 sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

Éric Coquerel interviewé par Patrick Roger sur Sud Radio le 15 juin 2020 à 7h40.

Le président de la République a fait une allocution, la 4e depuis le début de la crise du Covid-19, le 14 juin 2020 à 20 heures. "Il a fait du Emmanuel Macron", estime Éric Coquerel, député La France insoumise de Seine-Saint-Denis : "je me suis demandé pourquoi il parlait".

 

"Les informations nécessaires, il les a données en une minute", souligne le député en parlant de la décision de rouvrir cafés et restaurants en Île-de-France ou encore du retour à l’école le 22 juin. Il juge un retour de l’épidémie "quasi certain" à l’automne-hiver. Mais d’ici là, le déconfinement pourra continuer, "sauf les rassemblements, j’ai noté". "Pour le reste, après, j’ai l’impression qu’il lançait sa campagne présidentielle".

"Les Français sont intelligents et ils aiment bien avoir des informations"

"J’attendais des choses un peu plus concrètes, parce que les Français sont intelligents et ils aiment bien avoir des informations." Comme, par exemple, "pourquoi peut-on déconfiner davantage ?". "La préfecture de Seine-Saint-Denis me dit par exemple que les barnums tests en Seine-Saint-Denis ne donnent plus quasiment aucun cas", explique Éric Coquerel. Ce sont des informations où "on comprend pourquoi on rentre en zone verte" en Île-de-France.

Emmanuel Macron contredit "la politique qui est menée aujourd’hui par son gouvernement"

Pour le député LFI, le discours d’Emmanuel Macron ce sont surtout "des mots, des mots, des mots qui contredisent la politique qui a été menée depuis deux ans et demi". "Et pire, la politique qui est menée aujourd’hui par son gouvernement" et qui n’a "aucun rapport avec l’écologie, aucun rapport avec la solidarité, aucun rapport avec le social".

Emmanuel Macron a dit "en une phrase, qui est en réalité l’alpha et l’oméga que n’aurait pas renié Nicolas Sarkozy" de son discours, "‘travailler et produire davantage’, comme si les gens ne travaillaient pas assez dans ce pays", juge le député LFI.

"Je ne vois pas à quel moment l’industrie s’est réorientée"

Alors que les précédents discours du Président étaient critiques sur ce qui a "été fait depuis deux ans et demi", là "tout va bien, ils ont été parfaits pendant l’épidémie, ils ont géré ça magnifiquement", ironise le député. Et ce alors qu’il y a eu une pénurie de masques, que les hôpitaux ont été débordés ou encore que "40.000 personnes" ont été contaminées chez les soignants dont la vie a été "mise en danger", selon Éric Coquerel.

Il annonce "qu’ils ont réorienté l’industrie", précise Éric Coquerel. "Je ne vois pas à quel moment l’industrie s’est réorientée." Le discours était donc un "satisfecit habituel". "Il dit qu’il faut relocaliser" mais "il n’y a pas de traces dans sa politique". "Il donne de l’argent", il y a 400 milliards de mis sur la table, "sans aucune condition et contrepartie pour les entreprises", souligne le député La France Insoumise, qui peuvent annoncer "des suppressions d’emplois, des fermetures de sites voire des délocalisations". "C’est du vent, c’est du pipeau."

Emmanuel Macron est "en train d’annoncer un État girondin"

Le chef de l’État a également déclaré, dans son discours, qu’une réorganisation de l’État est nécessaire avec "de nouvelles libertés pour les territoires". Pour Éric Coquerel, ce n’est pas une priorité, au contraire. "Je n’ai pas l’impression qu’on a souffert pendant l’épidémie d’un État trop centralisé." Si ce sont les communes et les acteurs de terrain qui ont dû gérer l’épidémie au plus proche des populations, c’est pour une raison simple, juge le député : "à force de désarmer l’État, à force d’enlever les moyens de l’État, à force de ne même plus être capable de produire des tests, des masques, d’avoir des appareils respiratoires, il vaut mieux compter sur les communes". Pour lui, toutefois, "le danger derrière ça, c’est une inégalité".

Il faut "vérifier que l’État permet à tous d’avoir une situation égale, quel que soit l’endroit où nous sommes sur le territoire", que ce soit en termes de services ou de règles. "C’est exactement l’inverse de ce qu’il est en train d’annoncer." "Il est en train de nous annoncer un état girondin" : les autorités locales auront beaucoup de pouvoir, "mais sans se soucier de la solidarité entre la population, sans se soucier si les conditions dans un département sont les mêmes qu’ailleurs". Le député prend l’exemple de la distribution gratuite de masques, mise en place dans certaines communes, mais pas dans toutes, certaines ayant les moyens pour et d’autres non. "Tout ça, ça ne va pas, ça n’est pas la République."

"Ce ne sont pas nos comptes sociaux qui sont responsables de la crise"

Le projet d’Emmanuel Macron, selon le député LFI de Seine-Saint-Denis, "c’est un projet toujours libéral". Et ce bien que la France soit l’un des pays les plus généreux en termes d’aides sociales au monde. "Heureusement que vous ne cassez pas d’un coup l’État social qui a été un acquis des combats ouvriers, de la Libération, du Conseil national de la Résistance."

"Actuellement, la dette qui est en train d’être créée est principalement sociale : il y a 100 milliards qui vont être à charge de l’Unédic ou de la Sécurité sociale", souligne Éric Coquerel qui estime que "ce ne sont pas nos comptes sociaux qui sont responsables de la crise, ce devrait être l’État". La raison ? L’État est en mesure d’annuler la dette "en la rendant perpétuelle". "Nous, c’est ce qu’on propose."

La politique de Macron "s’est illustrée par la baisse des APL et la fin de l’ISF"

Le député LFI estime que "la politique de Macron depuis deux ans et demi ne s’est pas illustrée par plus de protection sociale : elle s’est illustrée par la baisse des APL et la fin de l’ISF, c’est-à-dire les cadeaux fiscaux aux plus riches". Des décisions, précise Éric Coquerel, sur lesquelles le Président a déclaré le 14 juin "qu’il n’y toucherait pas". "Il va continuer une politique productiviste, libérale."

"Il faut revenir à un pôle public du transport"

Les petites entreprises sont parmi les plus durement touchées de la crise économique actuelle et à venir. "Ceux qui souffrent ce sont tous les producteurs de richesse dans ce pays" : "il faut les aider en proposant une réorientation de l’économie", estime le député LFI. Il souligne par exemple qu’il y a eu "un avantage du confinement, c’est qu’on a respiré mieux".

"On pourrait en profiter pour réorienter l’économie, pas donner par exemple 500 milliards sans aucune condition écologique. Et ça il y renonce", juge Éric Coquerel. "Il ne le fait pas." C’est le cas, par exemple, sur le transport où "un service public unifié, c’est utile". Or, "qu’est-ce qu’on va faire quand il y aura plusieurs compagnies, puisqu’ils ont ouvert tout ça à la concurrence ?", se demande Éric Coquerel. "Il faut revenir à un pôle public du transport."

"J’appelle tous ceux qui étaient sur les balcons et aux fenêtres à descendre dans la rue"

Un appel national à manifester est lancé pour le 16 juin 2020 de la part des soignants, appel soutenu et relayé par le député LFI : "j’appelle tous ceux qui étaient sur les balcons et aux fenêtres à descendre dans la rue, parce que là c’est le moment". Le Ségur de la Santé, lancé par le gouvernement, ne répondrait pas à ce jour aux demandes des syndicats et "les belles promesses" sur les salaires ou encore l’argent aux hôpitaux pourraient ne pas être tenues, craint le député LFI. Lors de son discours du 14 juin 2020, Emmanuel Macron a "promis plus d’autonomie pour les hôpitaux", ce qui "a été exactement le pendant de toutes les économies qui ont été faites". "On a dit aux hôpitaux ‘soyez les meilleurs dans les économies’" rappelle le député. "J’ai un peu peur qu’on soit dans la même logique". "On doit appuyer les soignants pour qu’ils gagnent, parce que si les soignants gagnent, peut-être que lors du retour de la crise épidémique, les hôpitaux seront un peu mieux armés." En effet, pour lui, le retour de l’épidémie est à ce jour fortement probable "tant qu’on n’a pas de vaccin, il y a des pays où ça repart".

"Ce qui compte c’est que tout le monde puisse travailler"

Alors qu’Emmanuel Macron, dans son discours, semble indiquer que les Français devront travailler plus, Éric Coquerel rappelle que "les Français ont la productivité la plus importante". "Ce qui compte c’est que tout le monde puisse travailler." Le chômage va augmenter en France, "la question elle est là, il faut recréer des emplois dans la fonction publique, dans les services publics", estime le député La France Insoumise. Pour lui, il faut "répartir le temps de travail" et "faire en sorte que ce qui coûte trop cher au pays, c’est-à-dire le capital non investi, les profits, soit investi dans le travail" afin que "tout le monde puisse travailler".

Les très riches "imposent leur loi à la République"

Le Chef de l’État a également parlé de la question du racisme, des violences policières qui anime les débats et les manifestations en France et dans le monde. Il a déclaré, notamment : "le combat noble contre le racisme est dévoyé lorsqu’il est récupéré par les séparatistes". "Je crains avoir compris", déclare Éric Coquerel, "mais j’aimerais savoir qui sont les séparatistes et les communautaristes". Le député rappelle que "séparatiste est un terme fort" puisqu’il signifie que des gens "veulent vivre en dehors des lois de la République". "Dans le 16e arrondissement, il y en a certains", estime-t-il : "ce n’est pas qu’ils veulent vivre en dehors des lois de la République, c’est qu’ils imposent leur loi à la République. Je parle des très riches".

"On impose à certains des discriminations au nom d’un universalisme qui n’existe pas"

"Il y en a qui remettent en cause le pseudo-universalisme actuel" qui n’est qu’un "universalisme abstrait" où "les inégalités, les discriminations racistes continuent à sévir" et qui n’est pas "l’universalisme dont nous rêvons tous". "On impose à certains des discriminations au nom d’un universalisme qui n’existe pas."

"Où sont les séparatistes ?", demande Éric Coquerel. Dans la manifestation de samedi 13 juin 2020, "j’ai entendu des gens réclamant justement de pouvoir vivre en République, de pouvoir être Français de manière pleine et entière, de pouvoir profiter de la liberté, de l’égalité et de la fraternité" sans crainte. "C’est tout l’inverse du communautarisme."

"Voir l’avenir, justement, c’est nécessairement revisiter son passé"

Eric Coquerel souligne que le président de la République a déclaré que la France ne "revisitera pas" son Histoire. "La République, c’est l’esclavagisme ? La République, c’est l’héritière de l’esclavage ? Non." Emmanuel Macron a également précisé que la France ne déboulonnera pas de statues. "Et la Bastille ?"

"Voir l’avenir, justement, c’est nécessairement revisiter son passé", juge le député qui estime que l’esclavage est un phénomène qui "institue le racisme", et ce "à des fins économiques". "Évidemment que ça a encore des implications structurelles dans notre pays". "Il faut revoir les traces structurelles" du racisme qui "sévissent dans le pays" afin "d’atteindre l’idéal de liberté, d’égalité et de fraternité".

Emmanuel Macron a "donné raison aux syndicats d’extrême droite de la police"

De plus, continue le député, "ce qui m’inquiète c’est qu’il n’a pas un mot de critique sur le sujet actuel des violences policières et des discriminations racistes dans la police". Un point qui devrait inquiéter le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, car "il a donné raison aux syndicats d’extrême droite de la police".

Concernant la vidéo qui a été partagée sur les réseaux sociaux où, dans la manifestation, il semblerait qu’une personne crie "sale juif", Éric Coquerel juge que c’est Valeurs Actuelles "qui balance un truc, repris par l’AFP". "Je suis consterné", déclare le député de Seine-Saint-Denis qui condamne les faits s’ils sont avérés, "c’est insupportable de diviser les gens, c’est insupportable de laisser penser que parce qu’à un moment donné vous avez des gens racisés, des noirs, des personnes arabes qui sont dans une manifestation, forcément il y aurait de l’antisémitisme".

Dans cette affaire, juge le député, personne n’a parlé d’Assa Traoré qui a dit "nous sommes tous ici, chrétiens, juifs, musulmans et nous sommes la France, et aucun racisme n’a de place ici". "Tout le monde aura pu constater une chose : en fait il y avait un piège. Manifestement, beaucoup de gens espéraient qu’il y ait des violences ce week-end. Ça a été une manifestation pour des gens qui étaient amassés ensemble, avec des lacrymogènes tirés, des policiers qui faisaient incursion… ça a été exemplaire en termes de calme, donc comme on n’a pas pu les prendre là-dessus, on nous invente maintenant l’antisémitisme".

 


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