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Clément Beaune - Retards de livraison de vaccins : "je ne veux pas que l'Europe se fasse rouler"

Clément Beaune, secrétaire d'État chargé des Affaires européennes, était l’invité du “petit déjeuner politique” de Patrick Roger le 29 mars 2021 sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

Clément Beaune interviewé par Patrick Roger sur Sud Radio le 29 mars 2021 à 7h40.

Clément Beaune - durcissement des mesures : "Tout dépendra des chiffres du début de semaine"

En région parisienne, la tension dans les hôpitaux est de plus en plus forte à cause de l’augmentation du nombre de cas de Covid-19. La demande pour de nouvelles mesures se fait plus pressante, mais Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, déclare ne pas savoir si des décisions ont été prises : "tout dépendra des chiffres du début de semaine". Le gouvernement se laisse le temps de voir l’effet des mesures renforcées pour lesquelles "il faut à peu près deux semaines pour en voir l’impact". "C’est au vu de ces mesures que, le cas échéant, le gouvernement, le ministre de la Santé, le Président, prendront, ou pas, des mesures."

Angela Merkel a resserré la vis sur la frontière franco-allemande, jugeant que la France est "un pays à haut risque". Une déclaration qui a été faite selon "des critères scientifiques", rappelle Clément Beaune. "Vous avez des seuils, et donc un certain nombre de pays, dont la France, ont franchi un des seuils d’incidence, et cela veut dire qu’on est classés en zone à haut risque." Cette classification a pour effet de renforcer "les mesures aux frontières", ce qui pose problème aux travailleurs frontaliers. "On a évité la fermeture : il y aura une obligation de test deux fois par semaine", précise le secrétaire d’État qui concède que "c’est contraignant".

 

"Ce n’est franchement pas le moment d’aller à l’étranger"

Concernant les voyages, la règle est simple : "nous déconseillons tous les voyages" aux résidents et ressortissants français habitant en France. "La réalité est extrêmement préoccupante : ce n’est franchement pas le moment d’aller à l’étranger."

Les vacances de printemps arrivent à grands pas, tout comme le week-end de trois jours de Pâques : "on déconseille, y compris en Europe, de voyager". Il rappelle en outre que quitter l’Union européenne, même pour des ressortissants français, nécessite "un motif impérieux". "Et en Europe, les règles sont un peu plus souples, parce qu’il y a des besoins aussi plus grands", ce qui n’empêche pas le gouvernement de le déconseiller. Toutefois, ce n’est pas interdit : "j’en appelle à la responsabilité de chacun".

"Tout ne peut pas être contrôlé à tout instant", concède le secrétaire d’État, mais il prévient : "il y aura des contrôles ciblés".
"On peut prendre toutes les mesures qu’on veut : à la fin, il faut que chacun ait le sens civique de la gravité de cette crise. C’est dur, parce qu’on en a tous assez, mais il faut faire des efforts, en termes de vie sociale, éviter ces déplacements qui sont superflus."

 

Vaccins : "Je ne veux pas que l’Europe se fasse rouler"

Emmanuel Macron a reconnu la lenteur de l’Europe sur les vaccins tandis que l’Union européenne appelle à un contrôle renforcé de ses exportations de doses. "Elle doit le renforcer, et nous l’avons décidé", précise Clément Beaune. L’Union européenne a décidé "que ce serait une meilleure idée d’acheter nos vaccins ensemble", rappelle le secrétaire d’État. Selon lui, cela a protégé la France du risque de ne pas avoir de doses du tout, même s’il reconnaît des "lenteurs".

Concernant les vaccins, "le problème est qu’on ne produit pas assez", notamment sur le vaccin AstraZeneca. Mais, selon lui, "sans doute du côté britannique, l’entreprise ou d’autres autorités ont freiné les livraisons vers l’Europe". "Je ne veux pas que l’Europe se fasse rouler." Si l’Union européenne contrôle désormais toutes les exportations, il rappelle "qu’il est normal, dans certains cas, qu’il y ait des exportations", notamment à destination de pays pauvres, mais aussi car "on est aujourd’hui, avec les États-Unis, la première zone de production des vaccins dans le monde".

Le principe appliqué désormais est celui de la réciprocité : "on livre, si on est livré. C'est du bon sens et c'est comme ça qu'on se protège".

 

"Nous tiendrons les objectifs de 30 millions de vaccinés en juin"

En Italie, un stock de 29 millions de doses de vaccin a été identifié par les autorités, laissant supposer un potentiel trafic. "C’est grâce à une enquête demandée par la Commission européenne qu’on a pu identifier en Italie presque 30 millions de doses", explique Clément Beaune qui précise qu’environ la moitié sont destinées au marché européen. Sur l’ensemble des doses, "il y en a un peu plus de 2 millions pour la France". De quoi "limiter un peu les retards" dans les livraisons, estime-t-il.


Les objectifs de 30 millions de Français vaccinés à l’été sont maintenus : "on peut les tenir et on va les tenir", notamment grâce à une accélération de certaines livraisons. "Sur le premier trimestre, ils ont fait plus que leur engagement", précise Clément Beaune en parlant du laboratoire Pfizer. "On va trois fois plus vite au deuxième trimestre" qu’au premier trimestre. "Il y a une vraie accélération, c’est ça qui va permettre de tenir les objectifs.Quant au vaccin unidose Janssen du laboratoire Johnson&Johnson, il confirme qu’il va être livré "au mois d’avril en Europe".

 

Pass sanitaire : "Le pass sanitaire sera sans doute obligatoire pour circuler en Europe"

Le pass sanitaire devrait voir le jour mi-juin. "Le mot sanitaire est très important, souligne Clément Beaune, ce n'est pas vaccin, au sens où vous n'aurez pas l'obligation d'être vacciné ni de présenter une preuve de vaccin. Même si on aura vacciné beaucoup de monde, on n'aura par exemple pas vacciné les gens de 18 ans à l'horizon de juin. Sur cette application européenne, on pourra montrer soit qu'on est vacciné, soit qu'on a fait un test négatif, soit qu'on a déjà eu le Covid et qu'on est immunisé, explique-t-il. Cette application sera commune au niveau européen, pour éviter ce qu'on a vécu l'été dernier, avec des règles très différentes".

"Pour le tourisme international, on a encore des frontières, tient-il à préciser. Cet été, je ne sais pas ce qui sera possible de faire, la priorité est la circulation en France, puis en Europe".

"Si le vaccin n'est pas obligatoire, insiste le Secrétaire d'État, le pass sanitaire sera sans doute obligatoire pour circuler ! Il faut aussi qu'on sache si quand vous êtes vaccinés, vous êtes contagieux ou non ! Ce qu'on ne sait pas encore formellement aujourd'hui. On ne va pas faire circuler des gens partout en Europe si on n'a pas cette preuve scientifique".

 

Ingérence de la Turquie en France : "On peut jouer sur les mots, mais il y a un problème !"

Le nouvel ambassadeur de Turquie a affirmé qu'il n'y a pas d'ingérence de la Turquie en France. "Il y a un certain nombre d'actions via les réseaux sociaux, via le financement de certains lieux de culte, de mosquées, qui montrent une volonté d'influence ou d'ingérence dans les affaires françaises, estime Clément Beaune. On peut jouer sur les mots, mais il y a un problème ! Ce n'est pas contre la Turquie spécifiquement, mais la France se protège de toute ingérence étrangère".

 

 

 

 

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