Au lendemain de la découverte saine et sauve à Coutances (Manche) de Morgane, 13 ans, les questions se multiplient mercredi sur les conditions de sa disparition qui, pendant deux semaines, avait suscité une "vraie angoisse" au sein de sa commune des Côtes-d'Armor.
"Les habitants se réjouissent: Morgane a été retrouvée, elle est en vie, c'est tout ce qui compte", estime auprès de l'AFP le maire de Pabu, Pierre Salliou. Mais "il y a beaucoup de choses qu'on ne sait pas encore."
Après avoir disparu le 25 novembre, Morgane a été retrouvée mardi matin dans un foyer de jeunes travailleurs (FJT) dans le quartier de Claires-Fontaines, en périphérie de Coutances, ville normande située à quelque 200 km de sa commune d'origine.
La personne qui l'hébergeait, un homme de 21 ans, natif de Rennes, a été placée en garde à vue pour "arrestation, enlèvement, séquestration sur mineur de moins de quinze ans", selon le procureur de Saint-Brieuc, Nicolas Heitz.
A 18H00, M. Heitz donnera un "point de presse détaillé" pour éclaircir certains points, notamment la manière dont l'homme avait pu amener la collégienne dans ce FJT et comment sa présence avait pu ne pas être notée par le personnel.
Le bâtiment, dont une façade est en travaux, "accueille des jeunes majeurs de 18 à 30 ans et quelques mineurs", explique Emmanuelle Leprovost, de la mairie de Coutances. "Il y a une présence 24h/24, ils ne sont jamais seuls."
Résidente depuis quatre ans au FJT, Sophie Mercereau, 23 ans, confirme qu'il faut habituellement montrer patte blanche pour pénétrer et séjourner dans ce foyer.
Mais "certains résidents savent que certaines portes ne sont pas sécurisées, font rentrer des personnes extérieures malgré l'heure et en jouent."
"J'ai eu très peur parce que je me dis que personne n'a rien entendu, personne n'a vu de petite fille" au FJT, dit-elle à l'AFP. "On ne sait pas combien de temps elle a été ici, c'est horrifiant."
Les entrées au foyer sont depuis mardi "filtrées" pour "sécuriser" le lieu et décourager "les curieux" d'y accéder, affirme Mme Leprovost.
- "Heureuse nouvelle" -
A Pabu, le commandant de la compagnie de gendarmerie de Guingamp Jean-Baptiste Gautier est celui qui a annoncé "l'heureuse nouvelle" à la famille de Morgane.
"C'est un beau moment de ma carrière", confie-t-il à l'AFP. "C'est aussi beaucoup de soulagement, parce qu'on a beaucoup travaillé pour la retrouver."
L'enquête avait mobilisé "70 gendarmes, un groupe judiciaire de 22 enquêteurs", avec à la clé "plus de 110 auditions réalisées et plus de 1.000 personnes interrogées", a précisé la gendarmerie nationale sur X.
Contrôles routiers, porte-à-porte, drone, hélicoptère avaient aussi été mobilisés, et quelque 800 bénévoles avaient participé à une battue, en vain.
Mardi, M. Salliou a enlevé lui-même l'avis de recherche avec le visage poupin de l'adolescente, affiché à la mairie de Pabu.
"Toute la population s'était identifiée avec la vraie angoisse que vivait la famille de Morgane", souligne le maire. "Des choses inexplicables sur eux ont été dites sur les réseaux sociaux, il va falloir réussir à les surmonter."
Le week-end précédent sa disparition, la jeune élève de 4e s'était disputée avec ses parents. Son père avait cassé son téléphone et confisqué sa carte SIM.
Elle avait quitté son domicile le lundi 25 novembre à 7H14 mais n'était jamais montée dans le car scolaire qui devait l'amener à son collège.
Par Anaïs LLOBET et Matthieu CLAVEL / Saint-Brieuc (AFP) / © 2024 AFP