"On rêve de la qualification". Ça y est, les supporters perpignanais se mettent à y croire. Au terme d'une nouvelle après-midi enflammée, Perpignan a écrasé Lyon avec le bonus offensif (51-20) et enregistré un quatrième succès de rang. "Officiellement le discours c'est : tant que mathématiquement ce n'est pas bon, l'objectif reste le maintien et éviter l'access-match, qui a été un traumatisme. (...) Une victoire à Montpellier donnerait une fin de saison assez incroyable en Catalogne" se réjouit Vincent Panabieres, le président de la Penya Trabucayres, groupe de supporters local. Sauf que du rêve à la réalité, il y a peut-être un peu plus qu'un pas.
🔴 Objectif barrages pour l'USAP ?
🗣️ "On rêve de la qualification" affirme le président d'@ElsTrabucayres, club de supporters catalan. pic.twitter.com/qJLExvsSbP
— Sud Radio Rugby (@SudRadioRugby) April 22, 2024
La dynamique est positive, le calendrier un peu moins
Ils ne pouvaient pas moins bien débuter leur saison. Derniers et sans aucun point après quatre journées, les Sang et Or sont la deuxième meilleure équipe du championnat depuis, avec 49 points récoltés entre la cinquième et la vigt journée. En huitième position au classement, ils s'avancent vers une rencontre décisive au GGL Stadium de Montpellier samedi. Un derby pour continuer à espérer, avant de recevoir Clermont, d'aller à Bayonne, recevoir Bordeaux-Bègles et de rendre visite à Pau, lors de l'ultime journée.
Autant dire que les hommes de Franck Azéma n'ont pas hérité du calendrier de fin de saison le plus aisé, surtout si le top six est toujours envisageable avant d'affronter deux adversaires directs dans cette course effrénée.
Le calendrier de Perpignan jusqu'à la fin de saison :
- J22 : déplacement à Montpellier
- J23 : réception de Clermont
- J24 : déplacement à Bayonne
- J25 : réception de Bordeaux-Bègles
- J26 : déplacement à Pau
🎙️ "S'il y a un seul siège de libre au GGL Stadium samedi, c'est un scandale."
🔴 Le président d'@ElsTrabucayres Vincent Panabière "espère un stade à guichets fermés" pour le derby Montpellier-Perpignan samedi. pic.twitter.com/kAXySbQ86G
— Sud Radio Rugby (@SudRadioRugby) April 22, 2024
L'historique récent du championnat joue contre eux
Une qualification des catalans parmi les six premiers du championnat ne dépend pas uniquement de leurs performances, cela paraît logique. Mais un bref rappel historique est utile pour comprendre à quel point la présence des Sang et Or dans le top six en fin de saison relèverait presque d'une anomalie.
A l'issue de la saison 2013-2014, l'USAP est entrée dans l'ascenseur entre Top 14 et Pro D2. Une relégation traumatisante pour tout un club. A partir de là, Perpignan enchaîne les montées et descentes. En revanche, une chose ne bouge pas ou peu, c'est la liste des clubs qualifiés en phases finales du Top 14 entre la saison 2014-2015 et la saison dernière (exercice 22-23), comme le montre le graphique ci-dessous :
Si l'on exclut la saison 2019-20 (pas de relégation/promotion dû à la pandémie), huit saisons se sont disputées, et dix-huit clubs ont connu les joies de la première division. Sur ces dix-huit équipes, onze ont atteint les phases finales. Une preuve de diversité ? Pas tellement, puisque sur les six places qualificatives, le Racing 92 et le Stade Toulousain ont un ticket quasi-systématique, et sept équipes ont pris part aux phases finales au moins quatre fois sur ce laps de temps.
Sur la même période, seulement deux promus sont arrivés à prendre part à des phases finales plusieurs années après leurs remontées dans l'élite : le Stade Rochelais et le LOU. Revenue en première division en 2021, l'USAP a arraché son droit de rester en Top 14 au prix de deux barrages d'accession à Mont-de-Marsan et à Grenoble. Au vu de cette saison, est-ce que Perpignan mérite de disputer un match de phase finale en juin ? Probablement, mais le mérite n'a pas de place quand les dix mêmes clubs se disputent six sièges qualificatifs depuis bientôt une décennie.
Simplement rafraîchissant ?
Ces dernières semaines, Franck Azéma n'a cessé de calmer le jeu : "Quand j'entends parler de phases finales, c'est du cirque", "regarder devant, je m'en fous". L'entraîneur catalan sait que son groupe a vécu deux saisons suffisamment tendues et compliquées dernièrement pour se permettre de s'emballer. Les trois prochaines journées diront si le "rêve" est permis.
Dans ce Top 14 aux allures de ligue fermée, Perpignan est à cinq matches de devenir une exception. Comme Bayonne l'an dernier, les perpignanais sont un rafraîchissement, une nouveauté capable de coiffer au poteau certains cadors actuels. Le chemin de Posolo Tuilagi et ses coéquipiers vers la qualification semble étroit. Il a au moins le mérite d'exister, ce chemin. Aux catalans d'écrire leur propre histoire.