Gilles Gaetner, journaliste et auteur de La guerre secrète entre juges et politiques, éd. L’Artilleur, fait la promotion de son livre dans le Face-à-Face d'André Bercoff.
"Il y a eu des affrontements terribles entre les juges et les politiques"
Gilles Gaetner le rappelle, "il y a eu périodiquement des affrontements terribles entre les juges et les affaires politiques", qui ont pu se traduire par des perquisitions ou des mises en examen. "Tous les présidents de la République depuis 81 n'ont jamais eu beaucoup d'affection pour la magistrature", explique-t-il, nommant notamment François Mitterand, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. "Le président actuel leur passe plutôt la main dans le dos, il n'y a pas d'agressivité, il n'y a pas de tensions." La guerre secrète entre juges et politiques cite plusieurs affaires, notamment celles de la mairie de Paris, ou les difficultés d'Éric Dupond-Moretti "qui quand même s'est retrouvé devant la Cour de justice de la République un peu à cause des juges."
Gilles Gaetner revient également sur l'affaire Fillon. "Dès le 25 janvier 2017 c'était cuit pour Fillon, c'est absolument une première. D'où la question : est-ce qu'on doit organiser une trêve judiciaire pendant la campagne électorale ? Beaucoup de magistrats disent que oui mais le 25 janvier 2017 on n'était pas en campagne électorale. On aurait eu une situation complètement folle avec un président mis en examen." François Fillon, qui était le grand favori de la présidentielle 2017, aurait en effet été protégé pendant sa campagne, éventuellement élu, puis protégé pendant son mandat grâce à l'immunité présidentielle.
"Il faut que les procureurs soient indépendants"
Faut-il mieux contrôler le pouvoir des juges ? "L'organe qui juge les juges c'est le Conseil supérieur de la magistrature", explique Gilles Gaetner. Mais en réalité, le principal problème est dans les pressions des magistrats. "Il faut avoir une dose très forte d'indépendance pour résister, il faut que les procureurs soient indépendants et qu'ils soient nommés par une commission d'élus. Le procureur pourrait décider d'ouvrir ou de ne pas ouvrir une information judiciaire." Cela ne pourrait-il pas entraîner certaines affaires étouffées pour des raisons politiques ? Selon Gilles Gaetner, lorsqu'on choisit un juge, "on ne se demande pas s'il est de gauche ou de droite", mais plutôt s'il est "pugnace". "En choisissant tel juge on sait qu'il ira jusqu'au bout, il y a une espèce de morale." Il ajoute avec humour que pour être sûr de l'objectivité des jugements "il faudrait que le code pénal ait un paragraphe spécifique pour sonder l'inconscient d'un juge d'instruction."
Quant au Syndicat de la magistrature, il "représente 22% de 9 000 magistrats, un magistrat sur deux est syndiqué." Ce syndicat ne peut donc pas "jouer à Charlie Hebdo", en publiant le Mur des Cons, qui affichait notamment un père qui se battait pour que le violeur de sa fille soit puni. Enfin, il faut avoir à l'esprit le quatrième pouvoir, "un pouvoir dont on parle beaucoup, c'est celui des journalistes." "Il faut trouver un système où quand vous êtes mis en examen vous êtes pas forcément coupable dans l'opinion."
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