Le déficit budgétaire de la France a atteint 5,5% du PIB en 2023, ce qui a poussé l’Union européenne à ouvrir une procédure pour déficit excessif contre la France et six autres pays.
Agnès Verdier-Molinié : "En termes de richesse par habitant, on était 11ème dans les années 80, maintenant on est 23ème"
"Le problème, c'est qu'à force de rien faire depuis des années sur ces questions, on a toujours le taux de dépenses publiques le plus élevé parmi tous les pays comparables. Et on a toujours le taux de prélèvements obligatoires le plus élevé. Et ce qu'on a vu à la Fondation IFRAP dans les derniers travaux qu'on a menés, c'est que la part marchande, c'est-à-dire ce qui se passe dans le secteur privé de création de richesse, elle est très faible en France par rapport aux autres pays de la zone euro. On est autour de 69%, quand la plupart des pays sont à 74%. Donc, si on avait le même PIB marchand de l'économie privée que les Allemands, on aurait 240 milliards de richesses nationales en plus tous les ans, on ne parlerait plus du tout des mêmes sujets", a commenté Agnès Verdier-Molinié.
Agnès Verdier-Molinié tient à rappeler qu’en France, le travail est moins synonyme de création de richesse qu’ailleurs en Europe. "Donc, on a un problème de production de richesse dans nos entreprises. Et ça, c'est quelque chose qu'on oublie complètement. On voit que la France décroche par rapport aux autres pays. On voit d'ailleurs qu’on part de richesse par habitant. On était 11ème dans les années 80, maintenant on est 23ème. On a perdu énormément de place dans le concert des nations. Pourquoi ? Parce qu'on ne crée plus assez de richesses dans nos entreprises. Mais pourquoi ? Parce que finalement, on a trop fait gonfler la part publique de notre organisation. Et ça, on le voit aussi dans les travaux qu'on a menés. On est autour de 30% de ce qu'on appelle la richesse non marchande, c'est-à-dire celle qui est plutôt dans le secteur public. Et qui prend de plus en plus de place. Et on le voit par les prélèvements obligatoires, les cotisations sociales, le fait que ce qui reste dans la poche quand on a travaillé à la fin du mois, à temps plein, finalement, c'est pas si énorme que ça parce qu’il y a une grosse part… Il y a 46 euros dans la poche de celui qui a travaillé, quand il y a 100 qui est payé par l'entreprise. C'est très faible par rapport à la moyenne des pays de l'Union européenne."
"Oui, il y avait certainement des dépenses en plus à faire, mais pas au niveau de ce qu'on a décidé"
Agnès Verdier-Molinié estime que les mesures de soutien à l’époque du Covid-19 n’auraient pas dû être aussi larges qu’elles ont été. "Nous, on a tiré la sonnette d'alarme X fois, vous l'avez dit tout à l'heure. On l'a fait parce qu'on considère qu'on mérite mieux qu’une richesse atrophiée de plus en plus petite à partager entre nous tous, entre 67 millions de Français. Et où à la fin, on a cette impression qu'on ne maîtrise plus notre avenir. Et la situation s'est aggravée.
J'ai été très frappée de voir au moment du Covid que, tout d'un coup, tout le monde retournait sa veste en disant ‘"il fallait dépenser, dépenser, dépenser sans compter’. Les mêmes qui, deux-trois mois avant, disaient ‘attention à la dette publique, au déficit etc.’. Oui, il y avait des circonstances exceptionnelles. Et oui, il y avait certainement des dépenses en plus à faire. Mais pas au niveau de ce qu'on a décidé. Pas le chômage partiel aussi large que ce qu'on a fait."
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