Alain Houpert dénonce le protocole en vigueur depuis 2007 concernant les refus d’obtempérer, le protocole "le plus agressif d'Europe". Il estime aussi que ce ne sont pas des investissements supplémentaires qui résoudront les problèmes des quartiers.
Alain Houpert : "Il y a un problème d'éducation"
"Notre société ne tient qu'à un fil. Ça fait 30 ans que ça dure. On est passés de la guérilla urbaine à pratiquement une guerre civile. Ce qu’on a vu, ce sont des réactions qui sont certes intolérables, mais c'est le résultat de 30 ans d'aporie politique où on a mis beaucoup d'argent sur la ville. Vous vous souvenez du plan Borloo ? En 2020 on a mis encore 50 millions d'euros sur 600 villes et quartiers. Faut-il mettre de l'argent? De toute façon, on est face à un sentiment d'abandon par l'État de ces territoires, qui deviennent des territoires hors droit de la République. Monsieur Chevènement disait : ‘des sauvageons qui font la loi’."
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🗣 "C’est une guerre civile, on est face à un sentiment d’abandon de l’État" estime @alainhoupert pic.twitter.com/MSzc67cTKH
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Est-ce que l'argent amène tout? "Non, je pense qu’il faut revoir les principes. Il y a un problème d'éducation. Et puis, la loi sur les interventions policières a changé en 2017 suite à des actes de terrorisme. On a donné en 2017 aux policiers le pouvoir de tirer même s'ils n'étaient pas en état de légitime défense. Donc je pense que cette loi ne fait que mettre de l'huile sur le feu", a déploré Alain Houpert.
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🗣 "Nous avons le protocole policier le plus agressif d’Europe et au lieu d’apaiser les violences, il les réveille !" déplore @alainhoupert pic.twitter.com/nNSLHsfrxr
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"Il y a de plus en plus de refus d'obtempérer. Regardez le nombre de tirs sur les refus d'obtempérer : en un an et demi, nous avons eu 16 morts en France. En Allemagne, en 10 ans, ils ont eu un mort. Donc, depuis cette loi de 2007 nous avons le protocole policier le plus agressif d'Europe. Heureusement que nous ne sommes pas à la hauteur des États-Unis, mais nous sommes dans un processus agressif qui fait que les violences, au lieu de s'apaiser, se réveillent. Je pense qu'il faut retrouver le dialogue dans ces quartiers, parce qu'on ne s'en sortira pas", a estimé Alain Houpert.
"Il faut sortir du langage gauche-droite"
Pour Alain Houpert, la France a besoin d’un plan national de réconciliation. "Je pense qu'il faut qu'on ait une réflexion, il faut qu'on aboutisse à la paix et à la sérénité dans ce pays. Il faut sortir du langage gauche-droite. Quand on dit qu’il y a trop de refus d'obtempérer, ça veut dire que vous êtes de droite. Et quand vous dites que le refus d'obtempérer ne peut pas être une condamnation à mort, ça veut dire que vous êtes de gauche.
Je crois qu'il faut sortir des amalgames. Ne pas accuser les policiers, même si un d’entre eux a eu un acte impardonnable, comme a dit le président de la République. Moi, je dirais inqualifiable. Et ne pas non plus stigmatiser les territoires comme le 93, qui sont des territoires qu'on dit hors la République. Ces actes ne sont pas le fruit du comportement de toute une population. Les causes de ces problèmes sont multifactorielles, et leurs conséquences sont multifactorielles. Je crois qu'il faut vraiment faire un plan national de réconciliation. Si on continue à aller vers une libanisation de la société… le Liban, c'est un pays où il y avait des communautés qui se sont affrontées, qui sont irréconciliables. Il ne faut pas que la France, avec ses territoires, soit irréconciliable. J'ai peur qu'on on passe de la guérilla urbaine à une guerre civile", a déclaré Alain Houpert.
"Il est important de montrer un président qui soit près de son peuple"
N’y a-t-il pas une rupture qui devient de plus en plus irrémédiable entre plusieurs fractions de la population? "Cette poignée d'irréductibles, ce sont des gens qui s'expriment avec 300 mots. Et quand on a peu de mots pour s'exprimer, s'exprime par la colère, par la violence. Donc je crois qu'il y a un problème de fond philosophique. Certaines personnes n'ont plus foi en la France. Il faut faire que ces oubliés de la République ou ces gens qui veulent s'écarter de la République reviennent vers la France.
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🗣 Pour @alainhoupert On abouti à un partage de la population en deux… Le français qui souffre et qui ne peut s’exprimer que par la violence et celui qui vit dans ses beaux quartiers et qui regarde ! pic.twitter.com/8Q5fYdFRel
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On aboutit à un partage de la population en deux, à un clivage. D’une part, des Français qui souffrent et qui ne peuvent s'exprimer que par la violence. Et d’autre part des Français qui vivent dans les beaux quartiers, qui regardent ça… Je pense qu'il faut qu'on se rassemble. Hier on a vu la rue de Rivoli brûler, et on a vu sur les réseaux sociaux le président de la République au concert d'Elton John. On parle d'état d'urgence, on n'est pas loin d'un état de guerre civile. Il est important de montrer un président qui soit près de son peuple. Là, je pense que le symbole n'est pas bon. Et tous les symboles que donne ce gouvernement ne sont pas bons. Et si on arrive à ce niveau de violence, c'est qu'il y a des problèmes. Il faut se mettre autour d'une table, faire un plan national, un plan national autre que mettre de l'argent pour construire des immeubles, pour construire des salles qui vont de toute façon être brûlées le lendemain. Il faut un plan national : rassembler les gens autour de la sagesse et de la philosophie et leur faire comprendre qu'on est tous dans le même bain", a répondu Alain Houpert.
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