Que penser de l’allocution d’Emmanuel Macron, le 5 mars 2025 ? On en parle avec Alexandre del Valle.
Alexandre del Valle : "On nous prépare à des ponctions et à une remise en question de la liberté et de propriété"
Alexandre del Valle a trouvé le discours d’Emmanuel Macron inquiétant pour deux raisons. La première, c’est la perspective de saisie des avoirs des épargnants lambda. "J’ai beaucoup travaillé, il y a des années, sur un rapport concernant le bail-in. Le bail-in, c'est quand on va saisir des avoirs de petits porteurs pour payer la dette d'État. Chypre avait été ruiné à cause des emprunts grecs, et l'Union européenne n'avait pas été solidaire. Et on avait enraciné la fameuse loi Sapin : on va pouvoir ponctionner en 24 heures pendant la nuit. J'ai une amie chypriote qui avait gagné cet argent tout à fait honnêtement. Elle a perdu en une nuit deux millions d'euros, elle a perdu toutes les économies de sa famille dont elle avait hérité. Et bien, on nous prépare à ça. Quand je parle à des banquiers, ils me disent très souvent : ‘Bientôt, l'idée de l'Union européenne, c'est de supprimer le liquide pour l'hyper-contrôle par les traçages etc.’.
Et également nous préparer à ce que les riches soient ponctionnés. On ne va pas augmenter les impôts, mais on nous l'a annoncé hier : il faudrait que les milliardaires participent à l'effort de défense. Vous verrez, dans un temps pas si lointain, on nous préparera des ponctions. On se réveillera : tout ce qui sera au-dessus de 100.000 euros, si ce n'est pas des titres mais un compte courant, on pourra vous prendre ce qui dépasse 100.000 euros. Il y a beaucoup de gens parmi nos auditeurs qui vont me dire : ‘Ben, tant pis pour eux. Moi, je n'ai même pas 20.000 euros’, je les comprends. Mais pour celui qui a mérité et qui a travaillé toute sa vie… Donc, on nous prépare à des ponctions et à une remise en question de la liberté et de propriété. D'ailleurs, l'idée de prendre les avoirs russes et non pas uniquement les intérêts, ou de s'en servir pour des garanties des prêts pour financer la défense, c'est déjà le début d'un vol. Mais imaginez les autres pays du monde qui ne sont pas très démocrates, ils ne voudront plus placer dans la Zone euro. Bien sûr, l'Europe va devenir une zone qui est synonyme de confiscation d'avoirs et non pas de sécurité juridique", a déclaré Alexandre del Valle.
"La nouvelle dérive, c'est de dire : ’L'ennemi, c'est déjà celui qui ne pense pas comme vous’"
Est-ce une fuite en avant pour l’Europe ? "Non. Je pense que l'ennemi russe est réel pour certains pays, mais il n’est pas réel pour les pays de l'OTAN et l'Union européenne. Ce qu'on appelle un vrai ennemi pour les uns, pas pour les autres, mais un ennemi utile qui permet de justifier des réductions de libertés, des réductions d'acquis sociaux, des réductions en général de droits. Vous savez, en géopolitique, on définit l'ennemi comme celui qui attaque votre territoire, votre population et vos institutions.
La nouvelle dérive, c'est de dire : ’L'ennemi, c'est déjà celui qui ne pense pas comme vous’. Mais si on prend ce critère, l'Algérie est encore plus l'ennemi, il faut lui déclarer la guerre. La Turquie, qui alimente plein de communautés de loups gris, plein d'organisations totalement hostiles à nos valeurs… C'est un ennemi. On pourrait parler aussi du Pakistan, des Frères musulmans. On pourrait parler de l'Amérique qui, pendant des années, a fait de l'ingérence et avec la NSA. Si on définit l'ennemi comme celui qui va faire un peu d'influence chez vous, alors, on en a plein, des ennemis", a déclaré Alexandre del Valle en définissant la seconde raison de trouver le discours d’Emmanuel Macron inquiétant.
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