Cette baisse de la note de la France par Moody’s et, avant lui, par autres agences de notation, doit-elle nous inquiéter ? Réponse avec Marc Touati.
Marc Touati : "Il faut savoir que ces agences de notation ne sont pas du tout crédibles"
"Il faut savoir que ces agences de notation ne sont pas du tout crédibles. N'oublions pas, par exemple : avant la crise des subprimes, elles notaient les dettes subprimes AAA, la meilleure note possible. Et puis, elles sont payées par ceux qu'elles notent. Donc évidemment, il y a parfois des arrangements entre amis. Il y a trois principales agences de notation : Fitch, Standard&Poors et Moody's. Et donc Moody's n'a fait que s'aligner sur les deux autres, qui avaient déjà dégradé la note de la France. Mais ce qui est intéressant, c'est le communiqué, ils disent : ‘on ne fait pas du tout confiance au nouveau gouvernement’", a répondu Marc Touati.
Quels types de notes existe-t-il, justement ? "Il y a plusieurs typologies de notation. La meilleure note, c'est AAA. Il n'y a que neuf pays dans le monde qui sont AAA, notamment l'Allemagne. Après, il y a les AA. Nous, on est la dernière catégorie de AA, et ça, c'est très bien. Car après on passe à simple A. Et ça, c'est très intéressant parce que tant qu'on est AA, beaucoup d'investisseurs, de banques, de compagnies d'assurance ont l'obligation d'acheter de la dette publique française. Dès qu'on passe à simple A, on change de catégorie : on n'est plus dans les catégories d'investissement premium mais plutôt moyenne catégorie. Et là, beaucoup de banques et de compagnies d'assurance ne peuvent plus acheter cette dette simple A", a fait savoir Marc Touati.
"Sur le taux de 10 ans, on est au même niveau que la Grèce"
Pourquoi est-ce important ? "En 2025, on le sait déjà, c'est l'État français qui l'a annoncé : il va émettre, tenez-vous bien, trois 320 milliards d'euros de nouvelles obligations d'État, de nouveaux bons du trésor, c'est énorme. Et comme beaucoup d'investisseurs ne pourront pas acheter notre dette publique, les taux d'intérêt qu'on paye sur la dette publique vont augmenter. Ils ont déjà très fortement augmenté, on est à 3,1% sur le taux de 10 ans, au même niveau que la Grèce, vous vous rendez compte ?"
Quel impact sur les ménages et les entreprises donc ? "Il faut savoir que quand les taux d'intérêt de la dette publique augmentent, tous les taux d'intérêt de crédits des ménages et des entreprises augmentent aussi. Cela veut dire qu'on va payer plus cher nos crédits. Et donc la consommation, qui est déjà pas géniale, va baisser. L’investissement des entreprises va encore baisser. L'investissement logement des ménages, qui baisse depuis treize trimestres consécutifs, va encore baisser. La récession est là. Et après, le chômage, qui commence déjà à augmenter, va encore augmenter", a fait savoir Marc Touati.
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