Bérénice Levet estime que les différentes identités se sont vu octroyer trop d'autorité.
Bérénice Levet : "On assiste à une invasion de l’espace public et politique par les identités"
"Il y a une légitimité et une autorité acquise par les identités qui sont totalement étouffantes. C’est pourquoi j’en appelle au courage de la dissidence civilisationnelle. Nous avons des ressources à faire valoir, à solliciter pour disqualifier cette invasion de l’espace public et politique par les identités de femmes, identités transgenres, identités musulmanes… Le problème, pour moi, c’est précisément l’autorité qui a été accordée à toutes ces revendications", a déclaré Bérénice Levet.
"La citoyenneté ne fait pas acception des particularités, des identités"
"C’est le cœur même de la conception française de la citoyenneté, qui ne fait pas acception des particularités, des identités. En tant que citoyen, vous n’êtes ni homme ni femme, ni juif ni catholique ni musulman. Ce qu’il y a de magnifique dans l’histoire de la France, c’est ce que j’appelle le génie de l’incarnation. Après la Révolution française, on comprend très bien qu’on ne cimente pas un peuple autour des valeurs qui ont été proclamées par la Révolution française, cette clochette pavlovienne de valeurs, qu’on agite. Dès la Monarchie de Juillet, à partir de la Troisième République, on comprend qu’il va falloir raconter une histoire. Et c’est un moment absolument extraordinaire où Louis Philippe et François Guizot vont transformer Versailles en musée de l’histoire.
Je pense que l’école est la première institution qu’il nous faudrait reconquérir. Tout passe par là. Si l’on veut refabriquer le peuple français, il faudra lui donner quelque chose à aimer et à aimer la France. On a justement cette situation de délitement où on a des individus qui sont enfermés dans le cercle étroit de leur identité. Parce que c’est ça aussi : prendre part à une réalité plus vaste que soi", a poursuivi Bérénice Levet.
"Il est faux de dire 'Il faut que chacun se retrouve dans l’Histoire'"
"Je ne peux me résigner à voir les individus racornis, rétrécis, alors que la rencontre avec l’Histoire, c’est vivre d’autres vies que la sienne. Je développe aussi cette idée : il faut que chacun se retrouve dans l’Histoire. Mais personne ne se retrouve dans Jeanne d’Arc, pas plus vous que moi. La seule chose, c’est que cette histoire de la France, nous nous la sommes appropriée. Cette figure haut en couleur, c’est cela qui nourrit un être humain. Il ne s’agit pas d’occulter nos erreurs historiques. Et là aussi, dans l’enracinement, Simone Veil nous aide. Elle dit : plus on aime un être, plus on souffre des erreurs qu’il a pu commettre. Je ne réhabilite pas le terme de roman national, mais celui de récit national. Il y a des vertus à la mise en récit. Un historien comme Fernand Braudel dit : 'l’école des annales, l’histoire écrite selon cette méthode, ne doit pas pénétrer les écoles primaires et collèges, parce que justement, l’enfant a encore besoin d’émerveillement'."
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