Le 22 février 2023, Bob Garcia publie "Hergé, les ultimes secrets" (Éditions du Rocher). Ce livre est le résultat d'une enquête minutieuse sur l'œuvre d'Hergé.
Bob Garcia : "À chaque fois qu’il y a une actualité, Hergé la transpose dans le narratif"
Comment Bob Garcia s’y est-il pris pour retrouver toute l’œuvre originale d’Hergé ? "Je suis tombé par hasard sur une base de données inédite et qui n’a jamais été étudiée par personne. Avant d’éditer des bandes dessinées, Hergé a d’abord publié toute son œuvre dans des petits magazines. Je suis alors allé chercher tous les Petit Vingtième, puis tous les Le Soir Jeunesse, puis tous les numéros du magazine Tintin. En tout, cela fait 80.000 pages."
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🗣️Bob Garcia "Ce livre a nécessité 1 an de recherches ! Je suis tombé sur une mine d'or, une base de données inédite et qui n'a été étudiée par personne !"
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L'œuvre d'Hergé est beaucoup inspirée de l'actualité du moment. "À chaque fois qu’il y a une actualité, Hergé la transpose dans le narratif. Rappelez-vous, Tintin au pays des Soviets s’ouvre sur un attentat dans un train : le train explose, Tintin en sort miraculeusement indemne. C’est tiré d’un vrai fait divers. Et c’est pareil pour tous les autres albums : dans chaque album vous avez 10, 20, 30 anecdotes et bouts d’actualité."
"Pour l’Amérique, Hergé a un sentiment entre fascination et rejet"
Après 'Tintin au pays des Soviets' en 1930, en 1931 Hergé publie 'Tintin au Congo'. "Le Petit Vingtième était en perte de vitesse. Et Tintin a été parachuté là pour tenter de rebooster les ventes. Alors, l'abbé Norbert Wallez, avec qui Hergé passait beaucoup de temps, lui a dit : 'Vous avez envoyé Tintin au pays des Soviets, maintenant envoyez-le au Congo parce que le Congo a besoin de cadres belges pour bâtir le Congo belge'. C’était un album de commande. Hergé lui a dit : 'J’ai bien envie de l’emmener en Amérique parce que là-bas il y a des Indiens'. Et Hergé était un ancien scout. Mais l’abbé Wallez a insisté pour que le deuxième album soit Tintin au Congo."
Quel regard Hergé porte-t-il sur l’Amérique ? "C’est un sentiment entre fascination et rejet. En Europe, il y a une crise mondiale, le krach boursier de 1929. L’Europe est prise en étau entre le marteau et l’enclume : d’un côté le bloc de l’Est, de l’autre côté le bloc de l’Amérique. En Amérique c’est la corruption, c’est les gangsters qui font leur loi, ils font des kidnappings, il y a la société de surconsommation qui déplaît à Hergé…"
"Hergé a collaboré en connaissance de cause"
Hergé a collaboré avec les nazis. Était-ce par opportunisme ? "Clairement. Lorsque les Allemands arrivent en Belgique, le vingtième siècle met la clé sous la porte, Le Petit Vingtième arrête sa publication. On enlève à Hergé sa raison d’être : Tintin, il n’a vécu que pour ça et que par ça. Il n’a plus rien et plus de possibilités de se faire connaître. Sauf qu’il y a le journal Le Soir, qui tombe entre les mains des Allemands. Le nouveau patron pro-allemand du Soir va donc proposer à Hergé de venir dessiner ses planches de Tintin chez eux. En plus, Le Soir tirait à dix fois plus d’exemplaires que Le Petit Vingtième. Hergé a ainsi pu élargir son public", a répondu Bob Garcia.
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Hergé était-il anti noir ? #Tintin
🗣️Bob Garcia "Non, il prenait la défenses des noirs !"
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Hergé était-il antisémite ? "On peut effectivement le dire. Dans 'L’Étole mystérieuse', il y a deux juifs : l’un dit à l’autre : C’est sans doute même bien si c’est la fin du monde, car je dois 10.000 francs à l’autre. Et l’autre se frotte les mains et se réjouit. Lorsqu’on épluche l’œuvre d’Hergé, on y trouve beaucoup de vannes antisémites. Comme ça il faisait plaisir à son employeur. Il a collaboré en connaissance de cause, et c’était même un choix."
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