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Bruno Clermont : "L’intérêt des États-Unis sous Trump, c’est d’être la puissance dominante économique et militaire"

Par Jean-Baptiste Giraud

Quelles relations entre l'OTAN et les États-Unis sous le mandat de Donald Trump ? Alexis Poulain en parle avec le Général Bruno Clermont, général de corps aérien (2S) et ancien directeur de la sécurité aéronautique d'État (DSAÉ).

l'OTAN

Y a-t-il une peur de la part de l’OTAN de voir la défection des États-Unis par rapport à l’Alliance, mais surtout par rapport au soutien à l’Ukraine ?

"La plupart des fleurons européens de la défense ont des liens très étroits avec l'industrie américaine"

"C’est effectivement une inquiétude qui court à la fois à Bruxelles et à la chancellerie. Pour comprendre cette inquiétude, il faut revenir en 2017, puisqu’on a déjà l’expérience des relations de l’administration Trump avec l’OTAN, qui n’ont pas finalement été si mauvaises que ça. L’intérêt des États-Unis sous Trump, c’est d’être la puissance dominante économique et militaire. Ce qu’il a fait en 2017, il peut très bien le refaire en 2025. C’est-à-dire dire aux Européens : ‘on assure votre sécurité, c’est très bien comme ça, mais votre sécurité a un prix’. Il a d’ailleurs fixé le prix : 2% du PIB d’un pays. En d’autres mots, 2% du PIB pour acheter du matériel américain. Et il peut d’ailleurs dire : ‘Écoutez, la situation internationale n’est plus la même qu’en 2017 : il y a la guerre en Israël, il y a la guerre en Ukraine, il y a les tensions dans l’Indo-Pacifique… maintenant ce n’est plus 2% mais 3%’. Le chiffre des 3% commence d’ailleurs à circuler dans les coursives de l’État-major de l’OTAN à Bruxelles", a fait savoir le Général Bruno Clermont.

N'est-ce pas du chantage d’obliger les Européens à acheter du matériel américain, alors qu’on a nos propres fleurons de la défense en Europe ? "C’est soit du chantage, soit de la realpolitik. On a effectivement des fleurons industriels en Europe. Alors, il y en a qui sont nationaux, ils ne sont pas très nombreux. La plupart sont internationaux. Et la plupart ont des liens très étroits avec l'industrie américaine. On va prendre le cas de deux géants qui sont BAE Systems en Grande-Bretagne ou Reinmetall, le nouveau géant allemand. Ils ont des relations très fortes avec l'industrie américaine. Donc, c'est dans ce cadre transatlantique que ce réarmement pourrait s'effectuer. Mais on voit bien que les grands gagnants, in fine, seront l'industrie américaine si Trump décide de se lancer dans cette politique", a expliqué le Général Bruno Clermont.

"Il est probable que Donald Trump reproduise le même chantage en 2025"

Quel autre scénario serait possible ? "Il y a une autre solution. L'autre solution, c'est de dire : ‘Écoutez, maintenant, je n’en veux plus des Européens. Vous n'avez pas fait les efforts nécessaires. Ma priorité, ce n'est pas l'Europe, c'est la Chine. Donc écoutez, vous allez vous débrouiller. Et moi, je vais m'intéresser à la Chine parce que c'est vraiment ma priorité, mon risque principal, mon danger principal'.

Et ça, c'est l'alternative effectivement qui pourrait donner lieu à un chantage. En fait, c'est ce qui s'est passé en 2017, et il est probable qu'il va reproduire le même exercice en 2025. Avec différentes nominations dans son gouvernement qui arrive au compte-gouttes, mais qui montre qu'effectivement, il pourrait prendre cette tangente de relancer l'affrontement avec la Chine."

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