Carine Azzopardi s'est attachée à étudier à la fois le wokisme et l'islamisme.
Carine Azzopardi : "Certains islamistes s'insèrent dans des thèses progressistes"
Qu’entend-on par le wokisme? "On entend la lutte contre les discriminations, la lutte contre le racisme. Donc tout ça, ce ne sont que des nobles causes, bien évidemment. Qui pourraient être contre ? Et l'islamisme, ce sont des courants de pensée et pas seulement du djihadisme. Le djihadisme n’est que l'une des quatre branches, le passage à l'acte est minoritaire dans l'islamisme. Ce qui importe, c'est les idéologies. Donc j'ai pris les idées, les textes de qui composent les différentes idéologies à la base de l'islamisme. Et, de la même manière, les théories qui sont la théorie du genre, la critique de la race… pour examiner concrètement quels sont les discours qui laissent la place à des excuses ou un déni de l'islamisme, d'un côté. Et comment, de l'autre côté, des islamistes qui s'insèrent dans des thèses progressistes, s'en servent comme des chevaux de Troie", a répondu Carine Azzopardi.
Peut-on dire que le wokisme et l’islamisme ont les mêmes mécanismes mentaux et idéologiques ? "Non, ce n'est pas la même chose. Ce qui m'a alerté, c'est qu'aux États-Unis, ce sont par exemple des refuseniks de l'ex-URSS qui dénoncent le wokisme en premier. Quelqu’un qui s'appelle Mike Zhao, par exemple, qui est réfugié chinois, qui a vécu l'époque de Mao, qui a perdu une partie de sa famille, dont le meilleur ami est mort sur la place Tien An Men 1989, qui est réfugié aux États-Unis, par exemple, nous alerte sur les mécanismes du wokisme. Selon le philosophe Jean-François Braunstein, la 'religion woke' est plus propre à une croyance qu'à une vérité scientifique. Et le problème, c'est qu'on les établit comme des vérités scientifiques", a fait savoir Carine Azzopardi.
"Ce terme d''islamophobie', il faut voir comment il est instrumentalisé et comment il est utilisé"
Pour Carine Azzopardi, l’islamisme constitue un angle mort dans le mouvement woke. "À l'intérieur de ces théories, il y a un angle mort qu’est l’islamisme. Je ne dis pas que les wokes sont des islamistes bien évidemment. Quand on se fait placer dans une case dès qu'on emploie ce terme wokisme exactement de la même manière que quand on parle d'islamisme, ‘hop là, extrême-droite !’, je me suis dit ‘mais c'est le signe de quoi ?’. Je me suis aperçue que ce n'était pas le signe d'un débat d'idées sain, mais le signe d'un refus de toute critique."
"Dès que vous employez le terme ‘islamophobie’, si vous le contestez ou si vous contestez l'emploi ou la signification du mot ‘islamophobie’, vous êtes islamophobe, raciste et d'extrême droite bien évidemment, ça va avec. Or, ce terme d'islamophobie, il faut voir comment il est instrumentalisé et comment il est utilisé. Qu'est-ce que ça veut dire, l’islamophobie ? De manière étymologique, c'est la phobie de l'islam, donc d'une religion. Par extension, aujourd'hui, on dit que c'est la phobie des musulmans. Mais il faut voir comment les islamistes, eux, l'emploient. Qu'est-ce qu'ils entendent quand ils poussent ce mot dans les questions européennes ? Ce que les islamistes mettent derrière le mot ‘islamophobie’, c'est toute critique de l'islam. Et de l'islam tel qu'ils l'entendent, de la charia. Et puis, l’ONU a une Journée internationale de lutte contre l'islamophobie. Ce mot a une signification différente selon les personnes qui l'emploient", a poursuivi Carine Azzopardi.
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