Caroline de Bodinat a passé beaucoup de temps à observer le travail des pompes funèbres, qu’elle décrit dans son livre.
Caroline de Bodinat : "On vient travailler aux pompes funèbres par hasard, on y reste par vocation"
"C'est une somme de métiers, et tous sont reliés. La première personne à laquelle vous êtes confronté, c'est le conseiller ou l'assistant funéraire, cette personne qui vous reçoit. Cette personne accueille la peine ou la colère ou la sidération. Elle pose des questions logistiques, parce que c'est elle qui va tout organiser. Mais par ses questions, elle va obtenir des éléments de réponse. Parce que elle, elle doit savoir en très peu d'heures quelle est la psychologie du défunt, qui était cette personne pour aussi connaître le rapport avec la famille et les rapports dans la famille. Ils me disent tous : ‘on vient dans ce métier plutôt par hasard, on y reste par vocation’. La vocation en tant que telle, elle n'existe pas forcément, elle arrive au fil des années.
Caroline de Bodinat nous parle du fonctionnement des pompes funèbres : "Ce métier, on y vient par hasard, on y reste par vocation (...) Deux mondes s'affrontent de chaque côté du bureau : la peine infinie et une forme de consolation"
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Il y a deux mondes qui s'affrontent toujours. D'un côté du bureau c’est la peine infinie, l'inconsolable. Et de l'autre, une forme de consolation. Mais ce n'est pas évident. L'écoute est capitale parce que l'écoute va permettre de dessiner la cérémonie à venir. Après, il y a toute la logistique. S'ensuivent les autres métiers qui sont premièrement, soins apportés au défunt, c'est-à-dire le thanatopracteur. Et puis le maître de cérémonie, qui va orchestrer la cérémonie : organiser les textes, préparer les musiques. Et après, le terrain. C’est aller dans les mairies, récupérer les demandes de travaux, d'intervenir dans les cimetières. Et là, vous avez deux autres métiers très importants : les marbriers (ceux qu’on appelait autrefois les fossoyeurs) et les porteurs", a raconté Caroline de Bodinat.
"Les pompes funèbres utilisent toujours le présent"
Comme le raconte Caroline de Bodinat, la mort d’un membre de la famille ravive parfois les vieilles disputes. "Je crois que quand on est confronté à la perte d'un être cher, tout est chamboulé. On est hors sol, on est hors de nous. Et évidemment que parfois les mots dépassent les pensées, parfois on s'engueule, parfois il y a des familles qui se déchirent. Donc, eux aussi ont un rôle de nous rassembler au moment de la cérémonie, d'essayer de calmer. Un directeur de crématorium m'a dit : ‘parfois, il y a des gens qui s'écharpent, qui en viennent aux mains à l'extérieur’."
Caroline de Bodinat nous parle de son immersion auprès d'employés de pompes funèbres : "Même dans son cercueil, le défunt est toujours là. Les pompes funèbres utilisent toujours le verbe présent pour parler de lui, ce n'est pas un élément de langage"
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L’enterrement est-il en train de perdre du terrain face à la crémation ? "Vous avez un point commun, qui est de toute façon le départ. C’est-à-dire le moment où le défunt va disparaître de nos yeux. Car le défunt, même s'il est dans son cercueil, il est toujours présent. D’ailleurs, les pompes funèbres utilisent toujours le présent, ils ne disent pas ‘votre père était’, ils disent ‘votre est’. Aujourd’hui, 40% des funérailles font l'objet d'une crémation. Il faut savoir que la crémation n’a été reconnue par l'église catholique qu’en 1963. Le moment où le cercueil va descendre en terre est aussi déchirant que le moment où le cercueil va partir dans l'appareil de crémation."
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