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Charles de Meyer : "Partout où les chrétiens souffrent, SOS Chrétiens d'Orient était là"

Par Jean Baptiste Giraud

Charles de Meyer, auteur de "Pourquoi me persécutes-tu ? Chroniques d’un Orient martyr”, était l'invité de "Bercoff dans tous ses états" le 6 juillet 2023 sur Sud Radio.

Charles de Meyer
Charles de Meyer, invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Le face à face avec Charles de Meyer, auteur de "Pourquoi me persécutes-tu ? Chroniques d’un Orient martyr".

 

Charles de Meyer : "Nous avons vu des chrétiens qui étaient abandonnés, isolés, méprisés"

Qu’est-ce qui fait que Charles de Meyer s’est intéressé aux problèmes des Chrétiens d’Orient ? "Il faut se projeter en 2013. En 2013, la France est très tendue, et le gouvernement a la bonne idée de se dire qu'il est important de soutenir la rébellion syrienne. Alors, dans cette rébellion, il y a le kaléidoscope des islamismes et des intentions. Il y a certainement des gens qui voulaient la démocratie. Il y a d'autres personnes qui ne la voulaient pas, qui voulaient immédiatement une théocratie. Et on entend que la France pourra envoyer le porte-avions Charles de Gaulle pour appuyer cette rébellion. On entendra quelques mois plus tard Laurent Fabius dire qu’Al-Nusra, l'équivalent d'Al Qaïda en Syrie, fait du bon boulot. Tout ça nous est insupportable. Et ce qui nous est encore plus insupportable, c'est qu'on voit des centaines de Français qui partent faire le djihad en Syrie avec cette rébellion. Et pour nous, l'image de la France, ça ne peut pas être ces Français qui rejoignent Daech et partent semer la terreur en Syrie", a expliqué Charles de Meyer.

 


"Nous sommes allés à Damas, et nous avons vu des chrétiens qui étaient abandonnés, isolés, méprisés, parfois même par des évêques en France qui ne voulaient pas entendre leur parole, qui ne voulaient pas entendre leurs témoignages. Pendant dix ans, nous avons été fidèles à cet engagement initial. Partout où les chrétiens souffrent, quels que soient les coups à prendre, si cela plaît ou pas au politiquement correct, SOS Chrétiens d'Orient était là."

"On ne dit pas la même chose quand on est bien au chaud dans une capitale ou quand on subit les privations"

Dans quel pays est présent SOS Chrétiens d'Orient, et que fait-il exactement ? "Nous sommes au Liban, en Syrie, en Jordanie, en Égypte, en Arménie, en Éthiopie… Nous intervenons de manière plus ou moins directe au Pakistan, et nous sommes en train de développer d'autres pays de présence. Nous pouvons aussi mener des opérations d'urgence. On l'a fait en Ukraine au moment du déclenchement du conflit. SOS Chrétiens d'Orient est présent dans tous ces pays. Et ce qui importe, c'est que nous ne sommes pas simplement présents dans la capitale.

 


Un volontaire épouse le quotidien des gens qu'il vient aider. Je crois que c'est ça, le secret de SOS Chrétiens d'Orient. Vous avez des jeunes gens de vingt ans, des retraités qui viennent de quitter leur travail, des gens qui sont parfois entre deux emplois, beaucoup de jeunes, mais aussi des gens de tout âge qui viennent et qui vont épouser une situation. On ne dit pas la même chose quand on est bien au chaud dans une capitale ou quand on subit les manques, les privations. On a des maisons communautaires dans lesquelles on vit au milieu de ces villages. Et ils sont envoyés aux confins du Liban, de l'Irak, de la Syrie... Ils vont s'inscrire dans ce village pour en découvrir le sel, le sucre, la profondeur, la fécondité. Vous savez, le réel est très fécond d'histoire et de complexité. Je crois que c'est pour ça que SOS Chrétiens d'Orient réussit à avoir une action aussi efficace et autant d'amour auprès des populations qu'on aide, parce que nous sommes au milieu d'eux. Nous partageons le petit déjeuner. S'il y a une coupure d'électricité ou s'il n'y a pas d'eau pour se laver, nos volontaires ne se lavent pas non plus. Et donc ça fait une sorte de fraternité.

 


On a trois grands motifs d'aide. D'abord l'humanitaire classique, j'allais dire l'humanitaire presque sac de riz : apporter les denrées de première nécessité quand il y en a un besoin. Exemple très récent : quand il y a eu le tremblement de terre en Turquie et à Alep, dans le nord de la Syrie, nous sommes intervenus par exemple pour donner des produits d'hygiène pour les personnes âgées qui n'avaient plus du tout les moyens de se laver, d'entretenir ce semblant de dignité.

Le deuxième, c'est le développement économique. Parce que si on veut dire aux chrétiens d'Orient ‘restez sur la terre de vos pères et prospérez’, il faut leur donner un avenir économique. Au Liban, où nous faisons une plantation de thym qui fonctionne très bien aux confins de Sidon, tout ça nous permet de leur donner un espoir.

Et puis, les projets symboliques. Nous avons par exemple réhabilité le complexe scolaire au sein de l’Archevêché de Bagdad. Nous participons à la réfection de maisons après la terrible explosion du 4 août 2020 à Beyrouth. Tout ça demande des métiers particuliers. Faire la comptabilité, le lien, la maîtrise d'œuvre… tout ça, nos volontaires vont y être associés", a raconté Charles de Meyer.

Charles de Meyer : "Il faut proposer des solutions claires au Proche-Orient pour la stabilisation de la région"

Ne peut-on pas reprocher à SOS Chrétiens d’Orient un certain communautarisme ? "Tout d'abord, on est une association chrétienne. Donc, quand on voit une victime, on ne lui demande pas ses papiers d'identité. On l'aide, on l'aime, on pleure avec elle et on travaille avec elle.

 


C'est une question très française, et c'est très noble de se poser la question. Mais au Proche-Orient, tout le monde est aidé en fonction de sa communauté ou de ses pays parrains. Quand vous êtes chiite, l'Iran vous aide. Quand vous êtes sunnites, la Turquie vous aide ou les Saoudiens vous aident. Cela ne pose de questions à personne. Et d'ailleurs, c'est sans doute un des petits problèmes dans la manière dont l'Occident aborde ces pays-là où l'identité religieuse et ethnique est complètement assumée, fait partie du quotidien et fait partie de la vie. Le deuxième point, c'est la spécificité des chrétiens d'Orient. J'ai un ami qui, au Liban, disait toujours : ‘des villages mixtes, ça n'existe pas s’il n’y a pas de chrétiens’. Vous n'avez pas de village mixtes, chiites-sunnites ou druzes-chiites. Il faut toujours qu'il y ait une communauté chrétienne au milieu d'eux.

 


Quand on aide les chrétiens d'Orient, on aide l'intégralité de la région. Parfois, quand on a un peu de bon cœur, on dit ‘on va aider les chrétiens d'Orient et puis on les accueillera tous chez nous, et tout se passera bien’. C'est pas ça qu'il faut faire. Ce qu'il faut, c'est proposer des solutions claires au Proche-Orient pour la stabilisation de la région, pour la paix et la lisibilité du futur dans la région. Et ça, ce sera bon pour les chrétiens et pour les musulmans", a répondu Charles de Meyer.

 

 

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