"Cette histoire de faire une retraite pareille pour tout le monde, c’est encore une fois un désir d’égalité forcenée": Charles Gave était l’invité d’André Bercoff sur Sud Radio le vendredi 24 mars 2023 dans "Bercoff dans tous ses états".
Charles Gave : "l’homme se réalisait et devenait lui-même, se trouvait par le travail"
"Il y a un malentendu sur ce qu’est le travail et ce qu’est la retraite" entame Charles Gave. "Pour moi on vient d’un côté des judéo-chrétiens, de l’autre côté on vient des Grecs et des romains, pour faire simple. Dans le monde Romain, et Athéniens, le travail c’était la chose que faisaient les esclaves. Donc pour le monde Gréco Romain, le travail est quelque chose de pénible. Et puis de l’autre côté vous avez le travail judéo-chrétien. Les grands ordres monastiques ont établi des règles où l’homme se réalisait et devenait lui-même, se trouvait par le travail. C’était un travail d’accomplissement. On s’épanouissait dans le travail".
"Moi quand je me suis retrouvé à la retraite parce que j’avais vendu une société dont j’étais le chef, et puis ça ne m’intéressait pas d’y rester, j’en ai recréé une autre, j’avais 55 balais. Et maintenant j’en ai quasiment 80 et je continue à bosser comme un âne. Ce que je voudrais dire aux gens, c’est qu’il faut se donner un mal de chien pour que les gens qui ont eu un travail où ils se sont pétés les reins et où ils sont emmerdés toute leur vie, qu’ils aient une retraite le plus vite possible parce qu’en effet ils n’ont pas eu une vie agréable. Mais pour les autres, qu’on leur foute bien la paix".
"Il faudrait dire aux gens je sais pas 10 ans avant leur retraite : est-ce que vous êtes dans la catégorie 1 ou dans la catégorie 2. Si vous êtes dans la catégorie 2 vous continuez à travailler et à verser des sommes importantes à la caisse de retraite qui permettra de payer les autres. Donc cette idée qu’il faut que tout le monde prenne sa retraite à 62 ans ou à 64 ans c’est d’une imbécilité foudroyante. Moi je suis stupéfait ! On a un capital immense en France. Il y en a qui ont pris leur retraite à 62 ans, des ingénieurs, des docteurs, tout ce que vous pouvez imaginer, et qu’on amortit à 0 d’un seul coup. Alors que dans les 20 dernières années, moi je n’ai pas été inutile. Alors je me dis : ils sont malades quoi ! Chaque vie est une affaire individuelle. Chacun devrait être capable de dire "bon, moi maintenant je commence à fatiguer". Donc cette histoire de faire une retraite pareille pour tout le monde, c’est encore une fois un désir d’égalité forcenée, qui est une fausse égalité. Moi tous mes copains qui ont pris leur retraite à 62 ans après avoir eu des boulots importants 2 ans après ils sont morts d’ennui. Ils crèvent d’ennui".
💬 "Les politiciens veulent toute une retraite à 60 ans mais ils continuent à aller au Sénat à 80 ans ! C'est "fait ce que je dis, pas ce que je fais" - Charles Gave
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— Sud Radio (@SudRadio) March 24, 2023
"Chaque vie est une affaire individuelle"
"Ça dépend de la passion que vous avez pour le métier" poursuit Charles Gave. "Hier, j’étais avec un chauffeur de taxi il m’a dit moi je ne prendrai pas ma retraite parce que j’adore ce que je fais. Pourtant c’est un métier difficile le chauffeur de taxi. Mais il aime ça, laissez le faire. C’est extraordinaire à quel point cette discussion a été sur tous les faux prémices. Ce qui m’aurait intéressé c’est qu’on fasse une discussion sur la façon dont une vie se transforme quand on arrive à la vieillesse, comment on peut aider les enfants. Par exemple, tous ces ingénieurs à la retraite, ils pourraient aller faire des cours dans les écoles. Vous voyez ce que je veux dire, il y a toute une série d’activités, même gratuites, qui pourraient les intéresser. Non, on les fout à la retraite et on leur dit démerdez-vous. C’est horrible".
"Si j’ai été éboueur, c’est un métier qui n’est pas drôle, donc je prendrai ma retraite le plus tôt possible. Les politiques veulent toujours coller la retraite à 60 ans mais ils continuent à aller au Parlement ou au Sénat jusqu’à 80, donc ce n'est pas pour eux. Tout ça, ça m’a paru un discours surréaliste. C’est un discours comme si on était encore à l’époque de Zola. Mais non c’est plus ça le travail. Les 2/3 du PIB, c’est des services. Puis y a peut-être des gens qui font des trucs qui les amusent, qui les intéresse, qui sont rigolos. C’est la vision marxiste que quiconque travaille fait la fortune de son patron" conclut Charles Gave.
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