Le nouveau programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) passera en décembre 2024 devant le Conseil supérieur de l’éducation pour validation, avant une mise en place à la rentrée 2025. En quoi est-il problématique ? Christelle Comet nous explique.
Christelle Comet : "Les enfants ont besoin de construire leur identité avant qu’elle ne soit remise en question"
"La question, c’est : ‘est-ce adapté au développement de l’enfant ?’. Selon les travaux que nous avons réalisés avec SOS Éducation, qui a créé un comité d’experts, ces questions relèvent a minima de l’expertise de professionnels de la pédopsychiatrie, de pédiatres et de psychologues. Et la question à se poser, c’est : ‘qu’est-ce qu’on peut faire pour respecter le développement à chaque âge de l’enfant ?’. Et ça, ça a été complètement exclu, puisque les professionnels du développement de l’enfant n’ont pas été entendus dans la construction de ces programmes", a déclaré Christelle Comet.
"On ne respecte ni le droit à l’enfance, ni le fait d’être un enfant avec son vocabulaire. Et surtout, on devance les questions de l’enfant. Quand on présente à l’enfant des questions qui ne correspondent pas à son stade de développement, on va aller créer un traumatisme, une effraction. Les enfants ont besoin de construire leur identité avant qu’elle ne soit remise en question. On oriente leurs représentations, alors qu’ils sont dans une période où ils ont besoin de se tourner vers des choses beaucoup plus importantes : l’apprentissage, apprendre à vivre avec les autres…", a poursuivi Christelle Comet.
"En primaire, il s’agit d’apprendre aux enfants des interdits qui sont clairs et stricts"
Ce qui pose le plus grand problème, c’est quand même le fait de parler de consentement à un âge si tendre… "Je suis désolé, mais n’importe quel spécialiste de l’enfance pourra s’accorder qu’on ne parle jamais de consentement à un enfant. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas la capacité à savoir réellement ce que ça veut dire. [En primaire], il s’agit de leur apprendre des interdits qui sont clairs et stricts. Et le mot 'interdit' n’apparaît jamais dans les programmes. À la place, on leur parle de consentement. Ce programme va à l’encontre du développement de l’enfant", a déclaré Christelle Comet.
Que faut-il faire pour véritablement rendre service aux enfants ? "Ce qu’il faut leur permettre, c’est de contribuer à la lutte contre les violences sexuelles. C’est déjà être capable de remettre un dispositif de santé scolaire qui sera en mesure de recueillir la parole de l’enfant. Si demain, vous avez besoin que votre véhicule ait de bons freins, est-ce que vous allez les faire poser par un boulanger ? Voilà la question, elle est aussi simple que ça. C’est pareil ici : si l’objectif est de permettre aux enfants de révéler qu’ils sont victimes de violences sexuelles, ancrez un système de santé scolaire qui permette de recueillir la parole de l’enfant", a estimé Christelle Comet.
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