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Driss Ghali : "La France n’a pas été sérieuse vis-à-vis de ses colonies"

Par Jean Baptiste Giraud

Driss Ghali, essayiste et auteur de "Français ouvrez les yeux", était l'invité de "Bercoff dans tous ses états" le 25 mai 2023 sur Sud Radio.

Driss Ghali
Driss Ghali, invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

"L’histoire de la colonisation a été biaisée et surtout extrêmement simplifiée. La colonisation française a eu des aspects très drôles, hilarants. Parce que le colonisé, l’indigène, s’est vengé", a tout d’abord fait savoir Driss Ghali.

 

Driss Ghali : "L’indignation est l’arme du faible"

Comme l’explique Driss Ghali, l’indignation est l’arme de l’impuissant, s’indigner est devenu une vocation. "Vous avez eu des mariages mixtes en Indochine ou même en Afrique. Vous avez eu la vengeance de la femme. Parce que qu’est-ce que coloniser ? C’est dominer et repeupler. Et dans la domination, il y a 'je te prends tes femmes’. Dans l’imaginaire des pauvres mortels que nous sommes, les femmes sont un butin de guerre, ce ne sont pas les colonisateurs français qui ont inventé ça. Les enfants de ces couples étaient souvent kidnappés par les familles indochinoises pour être élevés à la vietnamienne. André Gide parlait du sort des enfants métisses, en mal d’acceptation, coincés entre deux mondes.

 


Notre génération est désespérée pour s’indigner, on veut s’indigner. C’est devenu une vocation parce que nous sommes impuissants. Le climat change malgré nous, l’Europe se fait malgré nous, Davos décide malgré nous, on vote, on n’est pas représentés, on vote dans un référendum, on nous dit le contraire sera fait. On a besoin de s’indigner, l’indignation est l’arme du faible. C’est devenu un fonds de commerce. Et en fait, on s’intoxique nous-mêmes."

"Les gens qui ont conquis le Maroc l’ont fait au nom du sultan et au nom de la France"

"Pourquoi a-t-on du mal à appréhender ça ? Parce qu’il y a eu un coup de poing et un coup de main. Pour conquérir un pays, il faut tuer des gens. Malheureusement. D’ailleurs, pour faire la Révolution française, on a fait couler beaucoup de sang. Et personne ne va reprocher maintenant à la Révolution française ces crimes : le génocide vendéen, la décapitation des innocents… D’ailleurs, la conquête coloniale est une guerre économe : économe en vies et une guerre qui construit. Contrairement aux guerres d’Europe qui détruisent, la conquête coloniale construit. 'Je te soumets, et tout de suite on va construite ensemble un nouveau pays.' Le Maroc est un cas extrême de co-construction. Les gens qui ont conquis le Maroc l’ont fait au nom du sultan et au nom de la France. Il y avait d’ailleurs des soldats du sultan dans les troupes de conquête. Et d’ailleurs, l’Afrique a été conquise par les Africains. L’essentiel des soldats, c’étaient des noirs qui se vengeaient de leurs anciens chefs.

Les indépendances ont été gâchées par les anciennes colonies, par les pays du Sud. L’Algérie est un pays riche en pétrole. Si l’Algérie était devenu un pays riche, un Dubaï, vous n’auriez pas eu de problèmes de repentance en France. Pareil pour l’Afrique subsaharienne. Le deuxième aspect, c’est : la France n’a pas été sérieuse vis-à-vis de ses colonies. La colonisation est une idée impuslive qui est née dans des circonstances spéciales, à la perte d’Alsace-Lorraine. La France est partie coloniser pour se consoler, c’était une auto-thérapie."

 

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Retrouvez “Le face à face” d'André Bercoff chaque jour à 12h30 dans "André Bercoff dans tous ses états" Sud Radio.

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