Cela fait plus de deux ans que le corps médical français fait la Une de l’actualité avec la crise sanitaire du Covid-19. Cette crise a engendré de nombreuses mesures destinées à contenir l’épidémie. Et elle a parfois pu soulever quelques questions quant à l’éthique médicale. Est-on en phase avec le serment d’Hippocrate que doivent prêter tous les médecins ? N’y-a-t-il pas eu quelques dérives ? Si oui, à cause de qui ?
Covid-19: "Une partie du corps médical a quitté la déontologie"
Pour répondre à ces questions, André Bercoff donnait mardi 8 février la parole au docteur Alice Desbiolles, médecin de santé publique et épidémiologiste. Cette dernière déclarait récemment dans Le Figaro : "une partie du corps médial a quitté la déontologie et l’éthique pour sombrer dans la morale". Aujourd’hui, le docteur Alice Desbiolles n’en démord toujours pas. "Une certaine peur, peut-être disproportionnée, a contribué à tétaniser une partie du corps médical", lance-t-elle sur Sud Radio.
Pour ce médecin, il est impossible de "réduire la santé à la seule absence de Covid-19. C’est malheureusement l’écueil dans lequel nous sommes tombés depuis bientôt trois ans". Depuis le début de la pandémie de Covid-19, il semble que le seul prisme de la santé des Français, soit celui du coronavirus. Et les chiffres qui s’y rapportent. Alimentant, pour le docteur Alice Desbiolles, une certaine forme de peur.
La mise en lumière de la situation de l'hôpital public par le Covid-19
La crise sanitaire aura au moins permis de faire la lumière, une fois encore, sur la situation de l’hôpital public en France. "Le système est sous-dimensionné dans un contexte de population de plus en plus âgée, fragile, et co-morbide. La population est plus vulnérable, et l’hôpital ne cesse d’être rétréci et malmené. À tel point que parmi les 17% de blocs opératoires qui sont fermés, vous avez 1% fermé pour manque de personnel à cause du Covid. Là où vous en avez au moins 13% qui sont fermés du fait de postes vacants", explique Alice Desbiolles sur Sud Radio.
"Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission". Voici l’une des phrases du serment d’Hippocrate, que chaque praticien prononce avant de débuter sa carrière de médecin. Une phrase qui, selon le docteur Alice Desbiolles, a durement été malmenée depuis le début de la crise sanitaire du Covid-19.
Des politiques sanitaires publiques non-évaluées
L’autre écueil que dénonce le docteur Alice Desbiolles, c’est la mise en place en population générale d’interventions de santé publique non fondées sur des preuves. Ces interventions de santé publique "relèvent parfois de modélisation au niveau de preuves très faibles, et qui ne devraient pas finalement permettre une implémentation de politique de santé publique non évaluée". Et ce praticien de dénoncer les conséquences des politiques publiques, notamment sur les enfants. Augmentation de l’obésité chez les jeunes. Augmentation du nombre de bébés secoués. Explosion des maltraitances infantiles, explosion des décrochages scolaires. Explosion des inégalités notamment chez les familles monoparentales. La liste est longue.
Face à de telles conséquences, le docteur Alice Desbiolles appelle aujourd’hui à un retour à "une politique de santé publique qui soit fondée sur des preuves. Et qui fasse la preuve de son efficacité, et que la balance du bénéfice-risque soit favorable à la santé de la population, et notamment à la santé des plus fragiles".
Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.
Retrouvez “Le face à face” d’André Bercoff chaque jour à 12h dans Bercoff dans tous ses états Sud Radio.