On a tout entendu ou presque sur le Covid-19. Tout, et son contraire. Ce qu’il faut penser et ce qu’il ne faut pas penser. Ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire. Quitte à diviser la société. Deux ans après le début de la crise sanitaire, l’heure est au bilan. Les pouvoirs publics ont-ils été à la hauteur ? Quelles conséquences la pandémie a-t-elle eu sur nos vies ?
Covid-19 : la sidération et puis la terreur
Il y a le Covid-19. Et la gestion de la pandémie. Pour l’épidémiologiste Laurent Toubiana, ce sont deux choses bien différentes. À tel point que selon lui, la gestion de l’épidémie par les pouvoirs publics a été presque plus grave en soi que le Covid-19. Il s’en explique dans son dernier livre, Covid-19 – une autre vision de l’épidémie publié aux éditions de l’Artilleur. Il était l’invité mardi 26 avril d’André Bercoff sur Sud Radio.
"Ce livre reprend ce qui s’est passé au cours des deux années avec deux périodes. La période de sidération. Et une deuxième période, beaucoup plus longue, de la terreur. Elle n’est pas terminée. Systématiquement, on reprend le même scénario, on en fait des rebonds. C’est une sorte de story-telling de la vague qui arrive, etc. Ce scénario pourra être rejoué très souvent, tant que les gens ne prendront pas conscience du mécanisme", explique-t-il dans "Bercoff dans tous ses états".
La définition d’une pandémie
"Une épidémie mineure, une virose banale". Voici les mots de Laurent Toubiana, à l’inverse de la pandémie dont on parle tant depuis deux ans. "Une pandémie, c’est une épidémie qui se répand sur un territoire beaucoup plus vaste. C’est un phénomène spatio-temporel. Des cas de malades apparaissent dans un lieu donné à un moment donné. Lorsqu’un nombre de cas émerge d’une manière brutale, on peut dire que l’on est en épidémie. La pandémie, c’est ce concept étendu à un espace beaucoup plus large", explique Laurent Toubiana sur Sud Radio.
L’épidémiologiste rappelle qu’en France, les gens de sa profession sont très peu nombreux. "Il y a très peu de gens qui se sont occupés en France de la dynamique des épidémies", lance-t-il, évoquant les voix, nombreuses, qui se sont élevées dans les médias durant la crise sanitaire pour donner des analyses de la pandémie, sans légitimité particulière.
Covid-19 : la culture de la peur
"En répandant la peur, on fait croire aux gens que ce qu’ils vont vivre est une catastrophe. On les met dans un état de sidération", estime Laurent Toubiana, évoquant le mécanisme psychologique qui s’est appliqué en France durant la gestion de la crise sanitaire. Un mécanisme qu’il critique vivement bien entendu, en se défendant de tout complotisme. "Je n’essaie pas d’expliquer le pourquoi, mais le comment. Il faut analyser les choses d’une manière relativement sereine", précise l’épidémiologiste.
Pour Laurent Toubiana, les Français doivent bien comprendre le mécanisme qui s’est appliqué durant deux années. Un mécanisme qui pourrait, d’après lui, se reproduire encore de nombreuses fois et dont il faut sortir : celui de la culture de la peur.
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