Comme le fait remarquer David Lisnard, la confiance des citoyens envers l'État s'est rompue, car l'État ne parvient pas à tenir ses promesses.
David Lisnard : "On est au bout d'un système hyper-centralisé qui organise son propre échec"
Quelle que soit la société en question, quel est l'objectif, l'essence de la politique ? "L'étymologie de politique, c'est gérer la cité, le groupe. C'est avant tout cela. Mais c'est aussi le projeter. Donc, la nation. Il s'agit de faire en sorte que l'individu, qui constitue la nation, soit le plus possible souverain, libre de ses choix, d'où le rôle de l'instruction et l'accès à un revenu digne. Faire de la politique, c'est voir ce qu'on peut transférer à la puissance publique pour nous protéger et pour nous projeter", a répondu David Lisnard.
Selon David Lisnard, les citoyens n'ont plus confiance en l'État. C'est même la fin de l'État-providence. "L'impuissance publique est, à mes yeux, la première cause de la crise de la démocratie. Si on reprenait toutes les annonces qui avaient été faites de façon très martiale depuis 5-7 ans et si on regardait la réalité des choses, ce serait affligeant. Le Plan vélo, le Plan eau etc. Et ça, c'est terrible, parce que ça détruit la confiance. Je pense qu'on est au bout de l'État-providence, au bout d'un système hyper-centralisé qui organise son propre échec. Et puis, quand l'État n'arrive pas à sanctionner l'abus, il pénalise l'usage. On multiplie les démarches, les procédures, les contrôles a priori, les autorisations préalables… Je l'ai vu en collectivité, je suis maire depuis 2014, et j'étais adjoint au maire avant cela. Il est temps que l'État s'occupe de ce pour quoi il a été inventé, c'est-à-dire le régalien."
"On n'a jamais autant dépensé dans les services publics, et pourtant, on manque de fonctionnaires"
Comme le fait remarquer David Lisnard, en dépit d'une dépense publique gigantesque, on manque de fonctionnaires en France. "J'invite chacun à lire le livre de Pompidou, qui n'est pas achevé d'ailleurs, mais qui est génial : il s'appelle Le noeud gordien. Le noeud gordien aujourd'hui, c'est de trancher cette impuissance publique qui est facile à comprendre dans un paradoxe à travers un chiffre : on a le record du monde de la dépense publique en France, ça va prendre quasiment 57% de la richesse produite. C'est colossal. On est à 7-8 points de plus que la moyenne européenne. Et parallèlement, on a un délitement des services publics. On n'a jamais autant dépensé dans les services publics, on n'a jamais autant prélevé d'impôts et de charges, on n'arrive jamais à descendre en dessous des 43% du PIB. Et pourtant, on manque d'infirmiers, on manque de policiers etc."
Mais alors, que se passe-t-il ? "Ce noeud gordien, c'est l'hyper-bureaucratie qui multiplie les dépenses inutiles et absurdes. Si on veut plus de policiers, plus d'infirmiers, plus d'enseignants au contact des gens, il faut qu'il y ait moins de bureaucratie, moins de fonctions support inutiles. Le Covid a révélé ça à l'hôpital. À l'hôpital, 34% des emplois sont des emplois administratifs et techniques. Alors que la moyenne européenne est de 23%. L'écart est colossal", a commenté David Lisnard.
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