Didier Raoult publie son autobiographie aux éditions Michel Lafon.
Didier Raoult : "La liberté liée à l’autonomie professionnelle disparaît petit à petit"
"Je ne crois pas facilement ce qu’on dit. Je ne crois pas qu’il y ait des raisons établies et définitives. Je ne crois pas non plus que notre espèce soit la plus avancée. Ce que je vois, c’est que la France tombe dans un niveau de médiocrité qui est effarant. Je crois qu’il faut faire en sorte pour que les faibles aient le droit de vivre comme tout le monde. Mais on ne peut pas faire avancer les choses sans leader. Je crois donc au leadership", a tout d’abord déclaré Didier Raoult.
Didier Raoult est ensuite revenu sur ses origines. "C’est une famille de serviteurs de l’État. Je ne revendique pas être la première génération de gens dans ma famille qui ont fait quelque chose de grand pour la France. Mais à chaque fois qu’ils ont considéré que c’était contraire à leur morale, ils ont décidé de ne pas obéir. Mon arrière-grand-père était dreyfusard. Il a fait démissionner le jeune officier qu’était mon grand-père. Ce dernier allé en prison dès 1940 pour avoir refusé de se rendre aux Allemands avant d’avoir eu le temps de se battre. La désobéissance n’est pas un mode de vie quotidien, mais il y a des occasions dans lesquelles on doit désobéir. Dans notre monde où il y a de moins en moins de monde qui soit alité dans le travail, se réserver la possibilité de dire non est quelque chose qui est de moins en moins supporté. Parce que la proportion du tertiaire, des gens qui doivent obéir pour avoir une promotion, un emploi, devient de plus en plus importante. Cette liberté liée à l’autonomie professionnelle disparaît donc petit à petit. Pour quelqu’un qui pense qu’il a l’autorité politique et administrative, penser qu’il n’a pas l’autorité morale est inconcevable. Or, je pense que ni l’autorité politique, ni l’autorité administrative ne donne de l’autorité morale."
"Très tôt, mon père a commencé à me montrer des malades"
Didier Raoult a commencé à s’intéresser à la médecine grâce à son père. “J’ai une très longue intoxication par mon père, qui est médecin militaire. Mon père a construit une unité de recherche à Dakar et poussait les choses beaucoup plus loin que moi : le rez-de-chaussée était dédié au laboratoire spécialisé dans la dénutrition, dirigé par ma mère. Et au premier étage, nous habitions. Dès que mon père a pu, très tôt, il a commencé à me montrer des malades, en Algérie en 1963, des gosses qui avaient la dénutrition. Et donc je voulais faire quelque chose où je sois le premier au monde".
"Mon père m’a donc fait un contrat moral : 'va faire ce que tu veux, mais si ça ne marche pas, reviens et suis mon habit'. Pendant mon internat, j’ai remarqué que je détestais l’oisiveté, j’aimais apprendre, apprendre, apprendre. Quand je me suis rendu compte que c’était ça qui me rendrait heureux, que je ne faisais plus de bêtises parce que j’étais occupé du matin au soir, je me suis dit que c’était ma voie. Et ce qui m’intéressait le plus, c’étaient les maladies infectieuses et les maladies tropicales", a poursuivi Didier Raoult.
À lire aussi :
- Didier Raoult : "il faut rendre leur liberté aux chercheurs"
- Pr. Didier Raoult : "Le monde est en train de se transformer"