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"On doit se permettre du risque en amour" pour Noémie Halioua

Par Adélaïde Motte

Amour et prise de risque : André Bercoff en parle avec Noémie Halioua sur Sud Radio le 14 février 2024.

amour
Noémie Halioua invitée d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Noémie Halioua, essayiste, chef de service chez Factuel, auteur de “La terreur jusque sous nos draps”, éd.Plon, était dans le Face-à-Face d'André Bercoff.

"On est en train de tuer l'amour"

"Les Français, les Américains, se glissent de moins en moins sous les draps, l'activité sexuelle n'a jamais été aussi basse depuis 50 ans en France", constate Noémie Halioua. "On peut aussi parler du célibat qui a doublé depuis quarante ans. Il y a une solitude qui s'installe, vous ajoutez à ça l'explosion de la vente des sextoys, tout cela montre que les gens se retrouvent moins pour s'aimer." Pourquoi cette évolution dans le monde occidental ? "On est en train de tuer l'amour, de criminaliser les hommes, de culpabiliser les femmes, de faire en sorte de cliver les sexes."

Cette situation trouve sa source dans la réaction de certaines féministes aux comportements de certains hommes dans le passé. "Au nom du fait que certains hommes ont été des bourreaux, aujourd'hui on en fait des boucs émissaires, aujourd'hui on va faire en sorte que tous les hommes soient associés à des porcs. Tout ça participe à cette dissolution du lien amoureux." A travers les discours d'une part grandissante des féministes, "on fait de la libération de l'amour de l'homme l'ultime émancipation de la femme, on a de plus en plus de romans pour petites filles où il n'y a plus de romance."

"Il faut accepter d'être vulnérable en amour"

L'amour est aussi aux prises avec une tentative de codification de tous ses aspects. Pourtant, "l'amour est toujours singulier, c'est aussi un message que je lance aux sociologues qui veulent l'encadrer, le condamner, le réinventer." Codifier pour sécuriser a ses limites car "il faut accepter d'être vulnérable en amour." "Ils sont tellement précautionnistes que le risque amoureux n'existe plus, les gens ne le prennent plus. Vous commencez sans savoir où vous mettez les pieds, il ne faut pas être suicidaire mais il faut se permettre ce risque-là."

Au reste, l'amour n'en est pas à sa première attaque. "L'amour a toujours été attaqué parce que l'amour est anarchiste, il ne répondait pas aux règles." "L'amour, c'est l'émancipation, il était attaqué par le conservatisme, aujourd'hui il est condamné par le progressisme, avec l'homme qui est un dominant." Jadis, on ne permettait pas à l'amour de s'exprimer en-dehors du mariage. Aujourd'hui, "on est en train de judiciariser le sentiment amoureux." Cette judiciarisation est d'ailleurs visible dans la relecture des oeuvres, notamment des contes. Noémie Halioua cite celui de la Belle au Bois Dormant. "Ça a toujours été l'amour qui ressuscite, c'est l'idée que l'amour permet de briser tous les maléfices, non c'est une affaire de crime sexuel et de culture du viol."

"Les femmes peuvent être très très dures"

Il ne s'agit pas pour autant d'être naïf et de nier l'existence de relations toxiques ou violentes. En revanche, "il faut dénoncer les agresseurs sexuels et défendre l'amour, extirper cette minorité violente de l'ensemble des hommes, la nuance est extrêmement importante sur ces sujets-là." "L'amour n'est jamais un sujet anodin", explique Noémie Halioua qui reconnaît avoir "beaucoup souffert" en amour. Mais, "de toutes façons on aime comme on respire, c'est-à-dire toute notre vie. Il faut repartir à l'aventure"

Au reste, la violence et la toxicité ne font pas uniquement des victimes féminines. "Les femmes peuvent être très très dures et ça ce n'est jamais dit, nous pouvons être des monstres, nous détruisons parfois certains hommes, il y a un tragique amoureux qui n'est pas sexué." Les féministes doivent donc défendre l'amour, et non les femmes à tout prix. Noémie Halioua estime qu'elles ont perdu beaucoup de leur crédit "quand ces féministes qui veulent condamner l'amour n'ont pas su condamner les viols du 7 octobre. Vous avez eu des cas de viols particulièrement atroces, et ils n'ont été que très peu dénoncés voire pas du tout par les associations féministes. Bien souvent elles instrumentalisent la cause des femmes."

Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.

Retrouvez “Le face à face” d’André Bercoff du lundi au jeudi  à 13h dans Bercoff dans tous ses états Sud Radio.

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