Florac et Saint-Céran, auteurs de Éducation minimum éd. Magnus, étaient les invités d'André Bercoff pour présenter leur dernier livre, qui propose aux jeunes gens de quoi nourrir leur culture.
"La France centrale, c'est la France qui se situe là où les départementales se terminent"
Florac et Saint-Céran, venus parler chez André Bercoff du livre Éducation minimum ont voulu écrire un livre pour "faire revivre dans l'esprit des gens les conditions" qui ont offert ce qu'ils appellent "un pic culturel civilisationnel au milieu des Trente Glorieuses". Cette culture, il en reste quelques souvenirs dans la France centrale. Qu'est-ce que la France centrale ? "C'est la France qui se situe à la périphérie des villes moyennes, des centres commerciaux moches, où les départementales se terminent, entre le Berry, la Nièvre, la Lozère, les confins de la Vendée, de l'Anjou, une sorte d'Hexagone dans l'Hexagone. La qualité majeure, c'est qu'elle a gardé des paysages, elle a gardé des maisons, une forme d'art de vivre."
Pour autant, ils ne souhaitent pas que les lecteurs s'enferment dans le regret des jours d'antan. "La nostalgie au premier degré, c'est vraiment une maladie de droite." Or, Florac et Saint-Céran sont assez critiques concernant les partis considérés comme acceptables. "La gauche et la droite sont des astres morts qui traînent leur propre caricature." Renvoyant dos à dos "la droite des gens qui ont du fric et qui ont oublié les valeurs" et "la gauche qui a délaissé les pauvres", ils affirment que "dans une circonstance de crise, les catégories de gauche et de droite deviennent inopérantes." L'objectif de leur livre est plutôt de dire à une génération qui "a un profond amour de la France" par où commencer pour en connaître la culture. "On a rencontré un certain nombre de lecteurs, notamment de la Furia, on s'est rendus compte qu'ils ne savaient pas par où commencer. Ils ont pas lu ça, c'est pas de leur faute à eux, c'est de la faute de leurs parents." Ils sont "probablement beaucoup plus militants que notre génération ne l'était, ils ont une conscience aigüe de ce qu'ils risquent de perdre." Éducation minimum leur dit de quoi se souvenir.
"C'est une liste qui n'est pas finie, on a de la matière pour un volume deux"
Éducation minimum est un livre généreux, où l'on peut trouver des idées neuves sur tous les sujets et refaire sa culture. Y a-t-il un moment où tout a basculé en France, ou la question n'a-t-elle pas de sens ? "L'idée, c'est d'inciter le lecteur à s'approprier des parties de l'histoire." On voyage ainsi à l'époque de la résistance et plus particulièrement "la résistance de droite, voire ultra, des gens catholiques traditionnels", d'autant plus courageuse qu'elle a été presque oubliée. Les auteurs voulaient ainsi "mettre un coup de projecteur sur une partie de la résistance."
On découvre des auteurs aussi, et notamment Desproges, considéré par les deux auteurs comme l'un des plus grands humoristes, devant Coluche. "Les textes de Desproges ont mieux vieilli", "il y a un côté éducateur chez Desproges", sans oublier son style d'écriture, "il n'y a pas ça chez Coluche." Bref, "s'il fallait choisir un génie propre, c'est vrai qu'on a privilégié Desproges." N'est-ce pas parce que Coluche était de gauche ? "Les plus grands ne se définissent pas en termes de droite ou de gauche, ce sont d'abord de grands artistes." D'ailleurs, "les écrivains de droite, si tendanciellement ils écrivent mieux, si les gens sont plus drôles à droite qu'à gauche, c'est peut-être parce que les gens de droite ne considèrent pas qu'ils ont un message extraordinaire." À l'inverse, dans la culture de gauche, "si les livres d'aujourd'hui sont terriblement chiants et s'ils l'étaient déjà à l'époque, c'est que les auteurs étaient persuadés d'avoir un message à délivrer." De plus, "la gauche, c'est la notion de progrès permanent donc à partir du moment où quelqu'un ne donne pas des garanties de progrès en permanence, il est catégorisé de droite."
Quelques icônes de la culture : "Il n'y a pas beaucoup plus français que la voix de Fanny Ardant"
Les icônes de la culture ont une place importante dans Education minimum, notamment avec Les Trois Mousquetaires. "Être élevé par les Trois Mousquetaires c'est un élément essentiel de la colonne vertébrale, c'est vraiment un livre essentiel qui mérite une relecture chaque année." Les livres ne sont pourtant pas tout, et les deux auteurs réservent une place au cinéma, et particulièrement aux femmes, avec deux icônes. "En limitant à deux actrices, on était obligés de faire le tri et de prendre des icônes." Ce sera Brigitte Bardot et Fanny Ardant. "Il y a un avant et un après Brigitte Bardot", c'est "Madame du Barry avec une jupe vichy et des ballerines", expliquent-ils, vantant cet esprit "érotique, sans obscénité, une partie de la quintessence de l'esprit français." Un équilibre aujourd'hui oublié.
Autant de figures qui permettent de savoir ce que l'on défend face à la gauche et son wokisme. "En plus de la culture woke, il y a l'inculture totale", un manque de culture à combattre. Car l'idéologie woke est trop dangereuse pour la laisser avancer, "on peut jouer à la radicaliser mais il faut quand même tenir compte des vies qui sont définitivement impactées dans cette idéologie", alertent les auteurs, marqués par les opérations subies par des personnes qui parfois en meurent. Il est donc urgent de retrouver la tendresse pour ce qui nous entoure. "Il y a un travail à faire pour redécouvrir la tendresse, c'est ce qu'on a de meilleur au fond du cœur, on a déplacé le centre de gravité vers la bienveillance, on s'est trompé de combat, on est devenus bienveillants et on a cessé d'être tendres."
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