single.php

Driss Ghali : "On est tellement habitués à ce qu'on pense à notre place qu’on a perdu l'autonomie"

Comment cela se fait-il qu'on ignore notre identité ? André Bercoff en parle sur Sud Radio le lundi 20 janvier 2025 avec Driss Ghali, specialiste des relations internationales, auteur de De la diversité au séparatisme : Le choc des civilisations, ici et maintenant (Éditions Complicités).

Driss Ghali
Driss Ghali, invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Selon Driss Ghali, nous avons oublié notre identité. Or, c’est quelque chose de fondamental pour une nation.

Driss Ghali : "Ce n'est pas un bouquin de droite"

Selon Driss Ghali, il faut arrêter de croire en des idéologies. "J'en ai marre de perdre des batailles idéologiques. J'en ai marre d'être sauvé par Elon Musk ou par Trump, c'est-à-dire des étrangers, des puissants qui, pour notre grand bonheur, mais c'est juste une coïncidence, nous rétablissent la liberté d'expression sur Twitter, provoquent la conversion soudaine et enchantée… Moi j'aimerais bien être gagner des batailles et ne pas dépendre du bon vouloir de Musk. Si demain Musk veut nous mettre des puces dans la tête, qu'est-ce qu'on va faire ? Et nous perdons systématiquement toutes les batailles parce que nous croyons trop dans l'idéologie. Nous faisons trop confiance aux idéologies, de droite comme de gauche."

https://twitter.com/SudRadio/status/1881329413037359582

Même si l’identité est un sujet traditionnellement de droite, Driss Ghali revendique le caractère apolitique de son ouvrage. "Ce n'est pas un bouquin de droite. C'est un bouquin humaniste qui s'adresse aux êtres humains, ni de droite ni de gauche. Les idéologies nous enivrent et nous font croire qu'on va changer le monde en votant Zemmour, Le Pen, Mélenchon… C'est faux ! Les hommes politiques sont impuissants. Il n'y a pas d'homme providentiel, sauf si demain il y a un cataclysme, et puis il y a un d'entre nous qui sera un homme providentiel. Je veux prendre le taureau par les cornes. Pour que le changement ait lieu, il faut que nous changions nous-mêmes et que nous réussissions nos propres vies. Parce qu’il ne sert à rien de défendre des causes si notre propre cause personnelle est perdue. Je connais beaucoup de gens qui ne sont pas souverains. Ils veulent la souveraineté de la France, mais ils sont sous l'influence de leur inconscient, de pulsions qu'ils ne connaissent même pas. On ne va pas sauver la planète si on ne se sauve pas soi-même. Et donc, je fais un retour sur moi-même, dans une tradition bien française, rousseauiste bien sûr : Rousseau est à sa place, je suis à la mienne. C’est une espèce de confession, de mise à nu pour essayer de me connecter au lecteur français, et je leur parle comme je parlerais à mon frère."

"C'est une blague, il n'existe plus de citoyens du monde"

Driss Ghali souhaite que l’identité fasse partie des programmes scolaires. "Je pense que notre époque fait l'impasse sur quelque chose qui est très important : c'est l'identité. Qui suis-je ? Cette question, on ne se la pose pas, surtout pas à l'école. On nous apprend des choses complètement inutiles : on nous gave de maths, de physique… C'est bien, mais nous formons des gens qui ne savent pas ce qu'ils veulent. Ça donne des burn-out, ça donne les gens qui démissionnent sans démissionner, qui font le minimum vital… On les voit non seulement dans la fonction publique, mais aussi dans les entreprises privées : la baisse de la performance, les gens qui veulent faire du remote office parce qu’ils ne veulent pas revenir au bureau… C'est un drame !"

https://twitter.com/SudRadio/status/1881329100775923940

Toujours selon Driss Ghali, être citoyen du monde est une ineptie. "Vous avez des gens qui ne savent même plus s'ils sont Français, on leur a mis dans la tête qu'ils sont citoyens du monde. C'est une blague, il n'existe plus de citoyens du monde, nous sommes toujours de quelque part. Ça n'empêche pas que nous soyons ouverts sur le monde. J'estime humblement être ouvert sur le monde, mais d'être de quelque part. L'identité, ce n'est pas démocratique. L'identité, c'est ce qui coule dans notre sang, c'est ce qui vient de notre inconscient collectif. Le mien, c'est un inconscient collectif d'Arabe d’Afrique du Nord, mélangé de berbères. Même si je parle le portugais toute la journée, que je suis marié avec une catholique d'origine juive allemande, je resterai toujours ça. L'identité, il faut l'avoir sous ses yeux, la maîtriser, la surveiller (parce qu'elle peut être dangereuse) et surtout s'en emparer et la faire bosser pour vous. Nous avons oublié l'identité française. L'identité française, c'est plein de choses. C'est notamment la force, la puissance."

"L'identité française, c’est un homme généraliste qui s'informe lui-même, qui sait se défendre"

"La France est une grande nation, ce n'est pas la Belgique, ce n'est pas la Suisse ou la Bulgarie. La France a une vocation universaliste et de puissance. La France est un pays du travail. Depuis quand sommes-nous devenus le pays de l'assistanat ? Depuis que nous avons fait oublier aux Français leur identité. Ce pays du travail a été fait les mains nues. Les mines de Lille ont été creusées presque les mains nues par des Français ! C'est le pays de l'industrie. Depuis quand nous sommes devenus le pays des call centers ? Nous avons inventé l'aviation, le cinéma et la voiture. L'automobile, rien que ça, s'il vous plaît ! Comment avons-nous pu oublier ça? Nous sommes le pays de l'égalité. Or, nous n'avons plus de l'égalité : à chaque coin de rue en France vous avez un voyou qui réduit l'égalité", a poursuivi Driss Ghali.

Pour Driss Ghali, la force des Français est la capacité à réfléchir et à prendre les bonnes décisions pour eux. "On nous a tellement habitués à ce qu'on pense à notre place (les grands politiciens, l'État, les médias) qu’on a perdu l'autonomie. Or, l'identité française, c'est l'honnête homme, au sens de Montaigne. Un homme généraliste qui s'informe lui-même, qui sait se défendre, qui a une spiritualité et qui n’est surtout pas le robot des réseaux sociaux ou le robot de l'algorithme que le système veut faire émerger."

Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.

Retrouvez “Le face à face” d’André Bercoff chaque jour à 13h dans Bercoff dans tous ses états Sud Radio.

Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !

L'info en continu
18H
17H
16H
14H
13H
12H
11H
10H
Revenir
au direct

À Suivre
/