À quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle en France, focus sur l’Hexagone, ses réussites et ses échecs. Nouvelle figure de proue du conservatisme libéral, Laetitia Strauch-Bonart s’intéresse depuis des années à son pays. Cela n’a évidemment rien de très surprenant pour une jeune intellectuelle qui cherche à comprendre le "mystère français".
La France, un pays qui ne s’aime plus
Dans son dernier livre, De la France, publié aux éditions des Presses de la Cité, cette éditorialiste à l’hebdomadaire Le Point livre un regard novateur et parfois iconoclaste sur l’Hexagone. Une enquête qui apporte de nombreuses réponses aux questions d’un pays qui, à l’aube d’élire son nouveau dirigeant, doute et ne s’aime plus. Loin des dogmes et des idées reçues, Laetitia Strauch-Bonart déroule un large tableau dans lequel elle appelle le lecteur à dépasser "le mal français", afin de trouver des pistes concrètes qui permettront, demain, de faire nation.
"J’aime la politique. Cela me passionne. Mais je suis très souvent déçue. J’ai toujours l’impression que l’élite politique ne rend pas suffisamment de comptes aux citoyens. Elle gouverne, elle a beaucoup de pouvoir, mais l’État reste assez peu transparent. Cela ne tient pas aux personnalités, mais à la structure. L’État est une sorte de colosse dont on n’arrive pas à comprendre quels sont les composants qui ont une prise sur les choses", explique-t-elle sur Sud Radio, posant ainsi le contexte politique actuel.
En France, "on mélange le sacré et la politique"
Ayant longtemps vécu au Royaume-Uni, Laetitia Strauch-Bonart en profite pour dresser une comparaison intéressante entre les deux pays. "Le problème de la France, c’est qu’on n’a jamais réussi à choisir. On a guillotiné notre roi. On a ensuite installé une démocratie de façon très brutale. Puis, on est revenu vers la monarchie, et vers la République. Au XXème siècle, on alterne entre différents types de régimes. On a concentré dans la même fonction, celle du président, la fonction monarchique et de chef de l’État. On mélange le sacré et la politique. Quand vous mélangez les deux, votre rapport au pouvoir est ambivalent", ajoute-t-elle.
Tout l’ouvrage de cette intellectuelle n’est pas qu’une liste de critiques. "Je suis très critique sur la structure de mon pays, parce que je l’aime. Je trouve sa culture et son histoire extraordinaire. Quand vous êtes à l’étranger, vous avez un statut particulier. Il y a des clichés, mais ils ont du sens. Je trouve ça merveilleux qu’un pays si petit ait un tel rayonnement. Les Français devraient se rappeler à quel point leur pays est fabuleux. Nous avons tendance à nous enfermer dans une déploration constante", lance-t-elle.
L’identité française, c’est quoi ?
Pour l’éditorialiste du Point, la raison d’un tel désamour de la France, par les Français eux-mêmes, pourrait remonter à 2005, lorsque le résultat du référendum sur le traité de Constitution européenne n’a pas été respecté par l’exécutif. "Cela a laissé beaucoup de traces. Et cela explique un certain nombre de dérives, de choix des extrêmes. Mais on peut le comprendre. Je ne m’explique pas que nos dirigeants, à l’époque, aient fait ce choix", lance Laetitia Strauch-Bonart.
Pour autant, pour Laetitia Strauch-Bonart, l’identité française demeure. "Je crois beaucoup à l’identité du quotidien, au patrimoine du quotidien. Ma définition de la France ne ressemble pas à d’autres définitions de notre pays qui reposent un peu trop sur la gloire de notre Histoire, notre drapeau, notre armée. C’est grandiloquent et cela ne fait pas justice à la beauté de notre patrimoine", estime-t-elle, regrettant que cette vision de la France ne soit pas abordée durant la campagne électorale.
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