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Éric Hazan : "Le centralisme est à bout de souffle"

Comment opérer au mieux la décentralisation de l'État ? André Bercoff en parle sur Sud Radio le lundi 24 mars 2025 avec Éric Hazan, expert de la transformation numérique, associé chez Ardabelle capital, co-auteur de Révolution par les territoires (Éditions de l’Observatoire).

Eric Hazan
Eric Hazan, invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Comme l'explique Éric Hazan, l'État central n'a pas forcément vocation à tout gérer dans un pays.

"Chaque échelon administratif n'est peut-être pas suffisamment spécialisé sur là où il a le plus de valeur"

Pour Éric Hazan, l'État central n'a pas vocation à tout gérer dans un pays. "Le centralisme est à bout de souffle, on voit bien qu'il y a une trombose de l'État à bien des égards. Les administrations travaillent comme des dingues, mais elles ont du mal à gérer la complexité du pays. Pourquoi ? Parce que chaque échelon administratif, de l'Europe à l'échelon local, n'est peut-être pas suffisamment spécialisé sur là où il a le plus de valeur. En d'autres mots, l'État se concentre sur le régalien. Là, il a totalement plus de valeur. Au niveau local, on sait bien que les services du quotidien seraient optimisés si l'éducation, la santé, l'aménagement du territoire étaient gérés par les gens qui sont directement concernés. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de nécessité au niveau des régions et des départements d'optimisation, d'arbitrage, de péréquation…"

Quel rôle pour l'Europe ? "Au niveau global, on voit bien ce qui en train de se passer : c'est-à-dire que l'Europe commence à comprendre qu'elle vit un déclassement technologique par rapport aux autres zones géographiques. Et qu'elle a besoin d'investir dans la défense, d'investir dans la technologie. Donc là, il y a un vrai travail pour que l'Europe nous rende compétitifs en collaboration avec l'État. Un peu comme les quatre chevaux de Ben Hur à la fin du film : on est obligés de répartir les différents échelons, chacun avec sa spécialité et son impact."

"L'État ne peut pas continuer de définir les objectifs et les moyens tout en conservant la main sur les moyens"

Selon Éric Hazan, l'État ne devrait pas définir les objectifs tout en gardant la main sur les moyens. "L'idée n'est pas d'exclure l'État. Et d'ailleurs, sa vision stratégique doit inspirer le pays. L'État doit donner le la, la vision stratégique. Et ensuite, il doit y avoir des façons différentes mais coordonnées de déployer cela. On ne peut pas tout à fait rester dans un système où les territoires se voient confier une partie des compétences, et où l'État continue de définir les objectifs et les moyens en conservant la main sur les moyens. C'est un petit peu ça qui se passe. Ce n'est pas de la malveillance - c'est juste qu'à un moment, les solutions seront mieux trouvées au plus proche des problèmes des gens."

Éric Hazan met en garde contre la création de baronnies qui sont susceptibles de naître lors de la décentralisation. "Dans tout système, il y a des qualités et des inconvénients. Et quand on dit 'on va décentraliser', il y a un risque, parce que les humains sont des humains : il y a un risque de reconstitution de baronnie. Les régions, mais l'État aussi, doivent être des cordes de rappel. C'est-à-dire qu'il faut qu'il y ait un contrôle, un contre-pouvoir. On donne du pouvoir, mais on contrôle."

L'expert en transformation numérique insiste enfin sur l'importance de rendre des comptes aux citoyens. "Et puis, il y a un autre concept qu'on met en oeuvre dans le livre, qui est le fait de rendre compte. Ça nous paraît extrêmement important. Évidemment, on est pour une forme de décentralisation assez forte, vous l'avez compris, on l'a même appelée hyper-décentralisation. Mais les citoyens, en plus de participer à la décision, doivent aussi pouvoir 'censurer leurs élites', c'est-à-dire que chaque élu doit venir devant les citoyens régulièrement présenter, rendre compte de la façon dont il a administré les services du quotidien, la santé, l'éducation, etc."

Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.

Retrouvez “Le face à face” d’André Bercoff chaque jour à 13h dans Bercoff dans tous ses états Sud Radio.

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