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Fabrice Epelboin : "Demain, on refusera d'assurer celui qui aura un cancer dans les trois ans"

Quel impact l'intelligence aura-t-elle sur nos vies ? André Bercoff en parle sur Sud Radio le lundi 10 février 2025 avec Fabrice Epelboin, enseignant à Sciences Po et cofondateur de Yogosha.

Fabrice Epelboin
Fabrice Epelboin, invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Les 10 et 11 février 2025, Paris accueille le Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle, réunissant chefs d’État, dirigeants d’organisations internationales, experts et représentants de la société civile. Qu'est-ce que l’intelligence artificielle va changer pour les citoyens lambda ? Exemple avec la santé prédictive.

Fabrice Epelboin : "Plutôt que de transformer notre système de santé, on a vendu nos données à une entreprise américaine"

"Vous avez deux types d'intelligence artificielle. Celle dans laquelle on baigne depuis maintenant 15 ans, c’est le big data ou le deep data. C’est celle qui vous fait des moteurs de recommandation, celle qui vous suggère une série sur Netflix ou un produit à acheter sur Amazon. Mais, appliquée à la médecine, elle est capable, à partir de vos données de santé personnelles, d'extrapoler l'évolution de votre état de santé, et donc de prédire un problème de santé qui va arriver avant même qu'il soit visible sur vos examens de santé", a fait savoir Fabrice Epelboin.

Fabrice Epelboin dénonce par ailleurs la vente à Microsoft des données de santé des Français. "Il faut savoir que le différentiel de coût entre le fait d'éviter un cancer et de le soigner est colossal. Du coup, pour les comptes de la Sécurité sociale, ça pèse extrêmement lourd. Pour ça, il faut éduquer une intelligence artificielle, en lui donnant à manger des données. Et pour ça, il faut trouver quelque part dans le monde des gens qui ont des données de santé particulièrement qualitatives. Et il se trouve que les Français, et c'est une exception dans le monde, ont les données les plus qualitatives qui soient. Et donc, le capital que sont nos données de santé nous permet d'envisager d'être les champions du monde de la santé prédictive. C'est tout le projet de la santé et de l'intelligence artificielle, et c'est tout l'exemple de ce que la macronie a fait avec nos données de santé. Elle les a, ni plus ni moins, donné à Microsoft. Plutôt que de se dire qu'on avait la possibilité de transformer notre système de santé, on les a données à une entreprise américaine qui, demain, va nous vendre des systèmes de santé préventifs qu'on aurait pu totalement fabriquer en France, on en avait parfaitement les moyens."

"Demain, Microsoft calculera un risque sur notre santé"

Fabrice Epelboin estime que la possibilité de prédire précisément l’état de santé futur d’une personne débouchera sur un système assurantiel à deux vitesses. "Ce qui est plus inquiétant encore, demain Microsoft calculera un risque sur nos santés à chacun d'entre nous pour faire des mutuelles qui soient adaptées à nos profils de risque. Très concrètement, elle va aller voir deux individus, en assurer un pour un coût dérisoire parce qu'elle sera capable d'anticiper le fait qu'il n'y aura pas de problème de santé majeur dans les années qui viennent, en ayant des tarifs qui seront imbattables pour une mutuelle traditionnelle. Et de l'autre côté, refuser d'en assurer un autre parce qu'elle sait qu'il aura un cancer dans les trois ans.

Quand on voit le coût de traitement d'un cancer, qui est quand même une maladie extrêmement banale, ça coûte affreusement cher à la collectivité de soigner un cancer. Et si on a été capable, cinq ans ou dix ans avant l'apparition de votre cancer, de vous dire ‘On emmerde tout le monde avec la viande rouge, mais vous particulièrement, Il faut arrêter la viande rouge. Par contre, vous pouvez continuer de fumer parce qu’il se trouve que chez vous, ça n’aura jamais le moindre impact’. En donnant des conseils ultra-individualisés à chaque personne, on aura un impact considérable sur l’impact de la santé à la collectivité. Et réduire le coût, c’est quelque chose qui, malheureusement, sera de plus en plus indispensable", a expliqué Fabrice Epelboin.

Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.

Retrouvez “Le face à face” d’André Bercoff chaque jour à 13h dans Bercoff dans tous ses états Sud Radio.

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