Selon Fanny Nusbaum, la doxa dominante a tué l'instinct chez les garçons. La société veut qu'ils se comportent davantage comme des filles.
Fanny Nusbaum : " Jésus nous apporte cette idée qu'on est quelqu'un de bien quand on est vulnérable et pauvre"
Fanny Nusbaum s’érige contre cette croyance selon laquelle "on est quelqu'un de bien quand on pense, quand on réfléchit, et pas quand on agit, quand on est dans son instinct. Or, aujourd'hui on se complaît dans la pensée. Et surtout, on se complaît dans une pensée victimaire, dans une pensée qui est celle de ‘je suis quelqu'un de bien quand je suis vulnérable’ et on réfléchit surtout à comment c'est bien d'être vulnérable. C'est contre ça que je m’érige."
📢 "L'art de l'excellence : En finir avec la dictature des humanistes” aux éditions Alizio
🗣 @FannyNusbaum "Aujourd’hui, on se complait dans une pensée victimaire ! Celle du : je suis quelqu’un de bien quand je suis vulnérable…" pic.twitter.com/evUicrhALm
— Sud Radio (@SudRadio) June 14, 2023
Quelle est donc l’origine de cette manière de penser, selon Fanny Nusbaum ? "Selon moi, cela vient de Jésus. Jésus nous apporte cette idée qu'on est quelqu'un de bien quand on est vulnérable, quand on est pauvre, quand on est quelqu'un du bas. Et avec Jésus, on apprend pour la première fois à en être fiers, d’être fiers de faire partie des humbles. Et je crois qu'aujourd'hui on est au paroxysme de ça. C'est devenu une forme de snobisme de faire partie des humbles, d’être dans cette idée de fragilité affirmée."
"Il y a une grosse injustice par rapport aux garçons à l'école"
"Je crois qu'on a perdu le masculin. Mais même nous, les femmes, je crois qu'on est dans une ère du féminin où tous les codes d'aujourd'hui sont des codes féminins. Le masculin, c'est d'abord l'action, l'instinct, le courage, c'est prendre les armes, être à l'initiative de beaucoup de choses, ne pas avoir peur.
Mais ce qui est aujourd'hui très à la mode, c’est une communication féminine ou de l'ordre du féminin chez les hommes comme chez les femmes. On est quelqu'un de bien quand on ne crie pas. Un homme bien, c'est un homme hypersensible. Ce n'est pas quelqu'un qui tape du poing sur la table - ça, c'était autrefois. Il y a vraiment une grosse injustice par rapport aux garçons à l'école, parce que ce sont eux qui ont le plus d'heures de colle, le plus de punitions en général. Pourquoi ? Parce qu'ils se comportent comme des garçons. Ils ne sont pas académiques. Il y a plein de statistiques qui nous disent que ce ne sont pas les premiers de classe qui performent plus tard. Ceux qui performent davantage, ce sont tous ceux qui ne sont pas académiques, ceux qui arrivent à trouver le système D. Donc c'est un comportement beaucoup plus agressif par rapport à la vie. Et ce comportement, aujourd’hui, il doit être tu."
📢 "L'art de l'excellence : En finir avec la dictature des humanistes” aux éditions Alizio
🗣 Pour @FannyNusbaum "Il ne faut ni être bienveillant, ni malveillant ! Il faut être juste avec ce que l’on a" pic.twitter.com/h0wkLFvH1H
— Sud Radio (@SudRadio) June 14, 2023
"Il ne faut pas être bienveillant, il ne faut pas non plus être malveillant"
Selon Fanny Nusbaum, il ne faut pas tenter d'être bienveillant dans toutes les situations. "On parle beaucoup de bienveillance. On est tellement dans cette idée que quelqu'un de bien, c'est quelqu'un qui ne fait pas la guerre… En fait non, il ne faut pas être bienveillant, il ne faut pas non plus être malveillant. Il faut être bienveillant avec ceux à qui on veut du bien et on doit être malveillant quand on doit se défendre, quand on doit lutter. Il faut être juste avec ce qu'on a. Dire ‘je ne vais utiliser que la communication non-violente’, c'est comme dire ’je ne vais utiliser que ma petite cuillère pour tous les repas, quoi que j'aie dans mon assiette’. On a tous cette volonté de puissance, cette volonté d'être quelqu'un d'important, d'être vu, d'être reconnu et de montrer le meilleur de soi-même. Et on nous dit ‘non, surtout ne montre pas le meilleur de toi-même’".
À lire aussi :
- Esther Pivet : "L'école fait détester aux garçons leur masculinité et aux filles, leur féminité"
- Halte aux machos, les conseils de Brigitte Lahaie