La France compte 67 millions d’habitants. Les bénéficiaires de l’assurance-maladie sont 75,3 millions. Vous voyez le problème ? Pour Charles Prats, ancien magistrat, la fraude sociale a pris en France une ampleur énorme. Pire, il est devenu extrêmement facile de frauder.
Fraude sociale : plus de 50 milliards d’euros par an
8,3 millions de personnes bénéficient de manière totalement frauduleuse des aides apportées par l’assurance-maladie. Voilà un des nombreux états des lieux de la fraude sociale en France. Et de l’autre côté, le gouvernement menace de taxer les rentes, les assurances-vie etc. "Les choses ne changent pas. On en est au même point. L’an dernier, quand j’ai été sanctionné par le Conseil national de la magistrature pour avoir ouvert ma gueule, quelques jours après, le ministre du Budget de l’époque veut me parler pour parler de ses plans de lutte contre la fraude. On discute. Je lui livre des préconisations sur les assurés-sociaux en trop. C’est là le vrai bloc de réduction des fraudes" explique-t-il sur Sud Radio.
"L’enjeu est supérieur à 55 milliards d’euros de fraudes" ajoute-t-il. Il existe plusieurs rapports sur la question, rédigés depuis plusieurs années. Et tous sont arrivés sur le bureau du ministère. Sans suite. "Le ministre du Budget de l’époque, Gabriel Attal, n’a rien dit là-dessus quand nous nous sommes vus. Depuis qu’il est Premier ministre, il n’en parle pas" lance encore Charles Prats sur Sud Radio. Une véritable gabegie dont visiblement tout le monde se moque à l’heure où l’on cherche encore de quoi combler le déficit du pays.
Un sujet tabou en politique
"Politiquement c’est compliqué et c’est un sujet hautement inflammable. Déjà à l’époque on nous disait de ne pas parler de cela pour ne pas faire monter le Front National. Et cela fait 10, 15 ans que cela dure. Leur problème il est là. Ils se disent que si on parle de ça, le choc électoral derrière, va être immédiat. Si on avait fait le boulot depuis 15, 20 ans, on n’aurait pas ce résultat-là. Si Emmanuel Macron avait été malin, il aurait pris le sujet à bras le corps en demandant qu’il soit réglé dans les deux ans. Et il prenait 15 points dans les sondages" estime l’ancien magistrat.
"J’étais très opposé à la réforme des retraites pour une raison : elle baisse le niveau des pensions. Cela, vous ne pouvez le faire, que si vous avez pris l’argent dans la poche des voleurs avant de le prendre dans celle des contribuables. Car les gens le ressentent intuitivement : vous ne pouvez leur demander de faire des efforts que si vous avez attrapé avant les voleurs de l’argent public" conclut Charles Prats sur Sud Radio.
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