Les chefferies kanakes ont proclamé unilatéralement leur souveraineté sur leurs terres coutumières, à savoir le district de La Roche et l'île de Maré. Parallèlement, les représentants des groupes politiques du Congrès calédonien sont à Paris pour réclamer un plan massif de reconstruction et pour alerter sur la situation d’urgence vitale qui frappe le territoire, à quelques jours de la déclaration de politique générale du Premier ministre, Michel Barnier.
Georges Natural : "Le dernier Premier ministre qui s’était penché sur le dossier calédonien, c’était Édouard Philippe"
"L’aspiration des kanaks, c’est l’indépendance. Cela fait partie de leur aspiration identitaire. Or, je crois que la majorité des kanaks ne souhaitent pas une coupure avec la France, mais de sortir de ce qu’on appelle le néo-colonialisme. C’est le fait d’avoir l’autonomie sur le territoire. C’est ce que voulaient ceux qui ont signé les accords de Nouméa. [...] La France a mis les moyens depuis 30-40 ans. Et les jeunes aujourd’hui, les jeunes kanaks en particulier, ne s’y retrouvent pas. Il y a un décalage en termes de partage des richesses. C’est ce malaise-là qui a été utilisé par les indépendantistes", a commenté Georges Natural.
Comment est-on arrivés à la situation actuelle ? "Si on en est là aujourd’hui, c’est parce que ces deux dernières années on n’a pas traité le problème calédonien à la hauteur de ce qu’il aurait fallu. Par le passé, j’avais connu les évènements des années 80, c’était le Premier ministre qui traitait le dossier, Rocard en l’occurrence. Le dernier Premier ministre qui s’était penché sur le dossier calédonien, c’était Édouard Philippe. Mais depuis Édouard Philippe, il n’y a pas eu de traitement stratégique du dossier calédonien", a répondu Georges Natural.
"Pour esquisser une politique, quelle qu’elle soit, on doit avoir un accord avec les indépendantistes pour savoir quel projet de société on veut"
Le ministre de l’Économie et des Finances a annoncé que l’État débloquerait un nouveau soutien de 87 millions d’euros… “Le tissu économique est complètement à plat. On a besoin de 2 milliards pour les travaux de reconstruction économique. Il n’y a plus de rentrées fiscales, un tiers [de la main-d’œuvre est] au chômage. La dissolution de l’Assemblée nationale a été catastrophique pour nous. Depuis la dissolution il n’y a pas d’interlocuteur en métropole", a commenté Georges Natural.
Comme l’explique Georges Natural, il y a deux projets en Nouvelle-Calédonie, et les deux nécessitent des moyens financiers. "En Nouvelle-Calédonie, aujourd’hui, il y a l’urgence de cette année. On pourrait arriver à une crise sociale énorme, et ce sera catastrophique, il sera compliqué de se relever. Et ensuite, le projet à long terme, sur cinq ans, c’est de voir comment on peut reconstruire notre société, avec des bases solides. Pour esquisser une politique, quelle qu’elle soit, on doit avoir un accord avec les indépendantistes pour savoir quel projet de société on veut construire pour nos enfants et nos petits-enfants."
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