Comme l'explique Ghislain Benhessa, la Constitution de la Vème République a été adoptée après un référendum qui n'était pas constitutionnel, strictement parlant. Et c'est cette nouvelle constitution qui a permis de poser aux Français la question de savoir s'ils veulent élire le chef de l'État au suffrage universel direct.
Ghislain Benhessa : "Pour de Gaulle, il faut un chef et une relation entre le peuple et son chef"
"De Gaulle arrive au pouvoir, il veut régler les dysfonctionnements français : la faiblesse du régime, la France sort en lambeaux de la Seconde guerre mondiale… La France est asphyxiée par ce que de Gaulle appelle lui-même ‘le régime des partis’. D’un point de vue politique, c’est un jeu de blocages partisans. C’est une sorte d’assemblée ultra-minoritaire qui joue un grand jeu constant pour s’auto-bloquer : personne n’a jamais la majorité, et il n’en sort jamais rien. Résultat des courses : c’est un blocage permanent. La guerre d’Algérie frappe. Le régime de la IVème République n’a d’autre choix que d’appeler le général de Gaulle, dont personne ne veut, mais qui finit par prendre le pouvoir.
De Gaulle met en place un régime basé sur une idée simple : il faut un chef, un président de la République. Et il faut une relation entre le peuple et son chef. Ce sont les deux marques de fabrique de ce que veut le général de Gaulle", a expliqué Ghislain Benhessa.
"De Gaulle a poussé les Français à lui donner un ‘oui’ que les parlementaires lui auraient refusé"
"Sous la IVème République, le référendum pouvait être utilisé dans l’hypothèse de révision constitutionnelle. À part l’hypothèse d’une refonte générale des institutions, le peuple ne sera jamais consulté. En d’autres mots, on avait mis dans la Constitution de la IVème République le référendum pour ne jamais l’utiliser.
Le premier référendum sous cette nouvelle Constitution a lieu en 1962, le général de Gaulle pose aux Français cette question : ‘Voulez-vous élire le président de la République au suffrage universel direct ?’. Le général de Gaulle pose une question qui n’est formellement pas constitutionnelle pour pousser les Français à lui donner un ‘oui’ que les parlementaires lui auraient refusé. Et les Français disent ‘oui’ à 65 ou 70%", a poursuivi Ghislain Benhessa.
Ces référendums se sont succédé à la vitesse Grand V, tient à souligner Ghislain Benhessa. "On a trois référendums qui se succèdent plus ou moins. On a deux référendums sur l’Algérie française fin 1961 et début 1962, et puis, le grand référendum sur les institutions françaises en 1962. Aujourd’hui, on a un mal fou à se le figurer : en un an et demi, les Français sont conviés à trois référendums. Et trois référendums sur quels sujets ? Sur des sujets majeurs, pas sur l’utilisation des trottinettes dans Paris."
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