Dans son dernier livre, Jacques Attali prend la température de l’économie mondiale dans son ensemble. En remontant dans l’histoire de l’humanité, il dresse des lignes de force. Décryptage du monde tel qu’il est, et tel qu’il pourrait devenir.
L’importance des grandes villes
"Depuis 1000 ans, on est passé à travers plusieurs étapes. Dans chaque étape, il y a une forme qui grandit à chaque étape, c’est le capitalisme. Et une ville qui est le coeur, au sens biologique. Là où tout bat. On a pu identifier ces coeurs : Bruges, Venise, Anvers, Gênes, Amsterdam, Londres, Boston, New-York et Los Angeles", explique Jacques Attali sur Sud Radio. Paris ne l’a jamais été. Et Pékin ne le sera sans doute jamais, précise-t-il.
"Une ville peut devenir le coeur, si elle donne sa place à la finance, aux créateurs, aux innovateurs. Si elle a un projet long, si elle est démographiquement pleine de vitalité. Si elle a une certaine forme de stabilité, si elle a une élite financière qui a une vraie vision. C’est le même schéma, à chaque fois", ajoute Jacques Attali. Et de poser la grande question : "y aura-t-il un coeur à l’avenir ?"
Jacques Attali : "Qui sera le coeur suivant ?"
Dans son dernier livre, Jacques Attali parle de l’ordre marchand, le capitalisme. Cet ordre marchand peut fonctionner sans coeur. "Nous avons devant nous la question de savoir qui sera le coeur suivant. Deux candidats peuvent apparaître. Les États-Unis peuvent l’être pour la troisième fois. Mais je n’y crois pas. La part des États-Unis dans le monde va beaucoup baisser dans les années qui viennent. La Chine, je n’y crois pas non plus. L’Europe non plus. Je crois que c’est un monde sans coeur qui va l’emporter. Dans tous les sens du terme", lance-t-il.
Pour Jacques Attali, ce monde sans coeur se traduira par la prépondérance des entreprises, ou plus largement, "ce qui n’est pas l’État". "Les grands fonds d’investissement ont un rôle très important. Mais je ne pense pas qu’ils aient encore un rôle planétaire. Si vous prenez Meta, Google, TikTok, il y a d’autres puissances planétaires. Quand Eisenhower a quitté le pouvoir, son dernier discours disait : "méfiez-vous de l’industrie". Si l’on ajoute à cela le dérèglement climatique, les guerres, le monde est face à des pentes plutôt dangereuses".
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