"Je fréquente toujours les Russes explique Jacques Sapir. Si vous voulez, je considère que les échanges scientifiques que l’on a avec la communauté russe, avec l’académie des sciences, avec les universitaires russes doivent être maintenus. Ils existaient du temps de la guerre froide avec l’Union soviétique."
"De ce fait, d’une certaine manière, il n’y a pas de choses qui soient extraordinaires. Et ce d’autant plus, parce que nous aurons besoin de cette communauté scientifique russe comme cette communauté scientifique russe aura besoin de nous à terme juge l’économiste. C’est pour ça que je pense qu’il faut absolument maintenir les contacts".
Une entreprise russe qui gagne beaucoup d'argent va payer "moins d'impôts"
"Grosso modo le rouble doit se trouver à 55 roubles pour un euro, il est à 50 roubles pour un dollar. Il était au milieu du mois de février dernier, donc avant le début du conflit en Ukraine, autour de 80 roubles pour un euro et 75 roubles pour un dollar. Autrement dit, le rouble s’est apprécié d’environ un tiers explique-t-il au micro de Sud Radio. Ce n’est pas négligeable. Il faut dire qu’il s’était beaucoup déprécié dans les trois semaines qui avaient suivi le déclenchement des hostilités. Les mesures qui ont été prises par la Banque centrale de Russie et par le gouvernement russe ont contribué à arrêter cette chute puis à inverser le mouvement, puis à faire que le rouble retrouve son niveau d’avant le conflit. Maintenant, il continue à s'apprécier" indique Jacques Sapir.
"Cela pose d’ailleurs des problèmes à l’économie Russe ironise l’économiste. D’une certaine manière, une très forte dépréciation mais aussi une très forte appréciation ne sont pas souhaitables. Cela veut dire que les entreprises russes qui gagnent de l’argent sur l’étranger, c’est-à-dire qui reçoivent en paiement des dollars et des euros, les transforment immédiatement en roubles. Comme le rouble s’est apprécié, elles ont moins de roubles qu’avant. Elles ont le même montant en dollars ou euros mais elles ont moins de roubles. Ainsi elles paient moins d’impôts" explique-t-il.
"Les pays des BRICS réfléchissent sur la constitution d’un fond monétaire" qui leur est propre
"On parle de deux choses différentes. L’une d’entre elles est l’inquiétude qui s’exprime même au sein du Fond monétaire international (FMI) sur une crise du système monétaire international, du système dollars, dans lequel nous sommes depuis 1973 explique Jacques Sapir. L’un des directeurs du FMI dit que ce sont les mesures américaines et occidentales qui ont été prises, notamment le gel des avoirs de la Banque centrale de Russie, qui vont inquiéter les autres pays et qui risquent de les pousser à sortir massivement du système dollars. Le deuxième point est plus constructif. Depuis un certain nombre d’années, les pays des BRICS réfléchissent sur la constitution d’un fonds monétaire des BRICS."
"Autrement dit, ils cherchent une alternative au FMI. Pour cela, il faut commencer à créer l’équivalent d’un instrument comme les droits de tirages spéciaux, pour que les pays qui sont membres de ce système puissent emprunter à ce nouveau fonds. C’est là où on en est actuellement explique-t-il. Ils réfléchissent à constituer un système alternatif qui permet à des pays d'emprunter hors du dollars, hors des monnaies qui sont rattachées au dollar, l’euro, la Livre Sterling, etc. et de pouvoir utiliser ça pour leurs investissements soit pour régler des crises de liquidité à court terme ou pour investir à plus long terme."
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