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Jean-Jacques Marie : "L'URSS voulait repousser ses frontières le plus loin possible vers l’Ouest"

Par Jean Baptiste Giraud

Jean-Jacques Marie, historien spécialiste de l’URSS et auteur de "La collaboration Staline-Hitler" (Éditions Tallandier), était l'invité d’André Bercoff sur Sud Radio le lundi 4 septembre 2023 dans "Bercoff dans tous ses états".

Jean-Jacques Marie
Jean-Jacques Marie, invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Le 23 août 1939, l’URSS et l’Allemagne nazie signaient un pacte de non-agression. Pourquoi, et qu’y avait-il d’autre dans ce document ? Réponse avec Jean-Jacques Marie.

Jean-Jacques Marie : "Les nazis ne bougeront pas lorsque Staline va attaquer la Finlande le 1er décembre 1939"

"Staline voulait sans doute retarder le plus possible une guerre dont il sentait qu’il ne pouvait pas l’éviter. Mais il espérait aussi parvenir à un accord sur un certain nombre de points avec l’Allemagne nazie. Un accord pour repousser le plus loin possible vers l’Ouest les frontières de l’Union soviétique. Le pacte avec les nazis, c’est qu’ils ne bougeront pas lorsque Staline va attaquer la Finlande le 1er décembre 1939. Il va aussi aboutir à l’invasion des trois pays baltes : l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie. Staline obtiendra aussi le retour de la Bessarabie, que les Anglais et les Français se partageaient depuis 1919.

 


Cette collaboration a existé jusqu’à la liquidation de la Pologne comme État. La propagande officielle expliquera que si l’Armée rouge a envahi la Pologne le 17 septembre 1939, c’est pour libérer les frères ukrainiens. Mais cette libération était une plaisanterie. Staline avait dissous le parti communiste polonais, puis le parti communiste d’Ukraine occidentale. Et Nikita Khrouchtchev, qui était le premier secrétaire du PC ukrainien à l’époque, était chargé de gérer l’occupation des territoires conquis par l’Armée rouge", a expliqué Jean-Jacques Marie.

 

"Jusqu’au dernier jour, Staline a refusé de croire les rapports de ses propres services annonçant l’attaque des nazis"

"Staline va proposer un accord commercial à l’Allemagne nazie et va servir d’intermédiaire pour aider l’Allemagne à surmonter le blocus décrété par la Grande-Bretagne après l’agression d’Hitler contre l’Angleterre. Mais viendra un moment où Hitler pensera qu’il n’a plus besoin de cette collaboration, et il ira vers la rupture. L’impérialisme allemand a besoin de conquérir l’Ukraine et la Russie", a poursuivi Jean-Jacques Marie.

Comme le raconte Jean-Jacques Marie, Staline ne voulait pas croire les renseignements comme quoi l’URSS serait attaquée par l’Allemagne nazie le 22 juin 1941. "Jusqu’au dernier jour, Staline a refusé de croire les rapports de ses propres services annonçant l’attaque des nazis. Le 21 juin 1941, soit la veille de l’agression nazie, Lavrenti Beria, le chef de l’NKVD, envoie un rapport à Staline où il dit qu’il reçoit de fausses informations de la part de cadres du renseignement soviétique, dont il donne les noms. Il dit par exemple que 'l’ambassadeur soviétique en Allemagne continue de me bombarder de désinformations sur une prétendue agression de l’URSS préparée par Hitler. Cette agression aurait lieu demain'. Puis, il attaque l’attaché militaire soviétique à Berlin. 'Selon ce général stupide, trois groupes de la Wehrmacht vont attaquer en direction de Moscou, Leningrad et Kiev'. Il dit aussi que les agents secrets qui donnent ces informations seront réduits en poussière dans les camps pour désinformation systématique, comme complices des provocateurs internationaux qui veulent nous brouiller avec l’Allemagne."

 

 

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