Selon Jean-Louis Harouel, l’Égalité dans la devise républicaine française ne veut plus dire grand-chose. Il faudrait, selon lui, la remplacer par la justice ou l’équité.
Jean-Louis Harouel : "L’école a fabriqué un ersatz d’égalité"
"Sur la liberté et la fraternité, il n’y a rien à redire. Mais l’égalité, c’est très problématique. C’est problématique parce que du moment qu’on a prononcé le mot égalité, on a l’impression qu’on a prononcé le mot bien. Ça se confond dans l’esprit de tout le monde. Et puis on s’aperçoit que les choses ne sont pas aussi simples. À chaque fois qu’on veut faire disparaître une inégalité, on crée une autre forme d’inégalité qui, souvent, est pire que la précédente.
À l’école, dans les années 1960, sous l’influence de la pensée sociologique de Bourdieu, on a voulu faire disparaître l’avantage qui existait en matière de culture pour les enfants issus de familles cultivées par rapport à d’autres. Au lieu d’être une machine de transmission, l’école est devenue une machine à produire de l’égalité. On a fabriqué un ersatz d’égalité. Il fallait mettre tout le monde dans le même moule et avoir les mêmes résultats pour tout le monde. Il fallait donc baisser le niveau", a raconté Jean-Louis Harouel.
"Bourdieu a détruit la méritocratie républicaine"
Selon Jean-Louis Harouel, on s’est retrouvés avec une école plus inégalitaire qu’elle ne l’était avant. "Les enfants des milieux populaires qui étaient vraiment doués étaient pris en main par l’école, l’école leur apportait énormément, et ils avaient souvent des carrières météoriques. D’ailleurs, le paradoxe, c’est que Bourdieu fait partie de ces gens-là. Il est un produit prodigieusement réussi de la méritocratie républicaine. Et bien, il a détruit la méritocratie républicaine. Résultat : on a aujourd’hui une école dans laquelle les enfants qui ne sont pas issus d’un milieu culturellement au moins moyen sont complètement défavorisés parce que l’école est devenue incapable de leur apporter cette base de culture qui permet la réussite scolaire. On s’est donc retrouvés avec une école plus inégalitaire qu’elle ne l’était avant."
Si ce ne sont pas les inégalités qui produisent la pauvreté, qu’est-ce que c’est alors ? "En France on accuse les inégalités d’être à l’origine de la pauvreté qui revient, et c’est faux. Si la pauvreté revient, ce n’est pas du tout à cause des inégalités. C’est à cause du déclassement de la France sur le plan économique au niveau mondial, c’est à cause du libre-échangisme… Je dirais même que la politique française en faveur de l’égalité plombe encore l’économie française et la rend encore plus pauvre", a répondu Jean-Louis Harouel.
Retrouvez “Le face à face” d'André Bercoff chaque jour à 13h dans Bercoff dans tous ses états Sud Radio.
Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !