Jean-Pierre Jouyet a travaillé sous quatre présidences. Il a été ministre des Affaires européennes. Il publie Est-ce bien nécessaire, monsieur le Ministre ? aux éditions Albin Michel, dans lequel il revient sur les difficultés que l’on peut rencontrer en politique pour faire avancer les choses.
Jean-Pierre Jouyet : "nous avons conservé certaines traditions de l’Ancien Régime"
"La machine est très forte et elle l’a toujours été. Nous sommes dans un Etat très centralisé. Nous sommes dans un Etat qui se prononce sur tous les sujets, et intervient dans tous les domaines" explique Jean-Pierre Jouyet, haut fonctionnaire et ancien secrétaire général de l’Elysée. "C’est un modèle dans lequel nous avons conservé certaines traditions de l’Ancien Régime, celles du monarque républicain" ajoute-t-il. Dans un tel système, peut-on véritablement changer les choses ?
"Il ne faut pas tout mettre sur le dos de l’administration. Les politiques ont beaucoup de responsabilités. Vous avez beaucoup d’annonces. Elles ne sont pas par la suite appliquées dans le temps. Avec le quinquennat, il faut ensuite véritablement aller plus vite. Vous avez des changements de gouvernement, de ministre, et chacun veut sa réforme. Ensuite, l’administration se demande où elle va et ce que l’on va lui mettre comme réformes. Il y a donc un partage de responsabilité entre les politiques et l’administration" lance Jean-Pierre Jouyet.
"Ce sont les politiques qui ont le plus d’influence"
Entre les politiques et l’administration, "ce sont les politiques qui ont le plus d’influence". "Quand vous avez de grands responsables politiques forts, vous allez avoir des réformes qui se font et qui sont suivies. Dans l’administration, il y a une séparation trop grande entre l’administration centrale et celles sur le terrain" précise Jean-Pierre Jouyet, qui rappelle que dans ce domaine, c’est la course aux crédits et aux effectifs qui détermine le gagnant.
Finalement, tout est une question de courage et de volonté, explique Jean-Pierre Jouyet, reconnaissant au passage sa responsabilité dans le système qu’il décrit après l’avoir vécu de l’intérieur. Dans ce merveilleux tableau, se sont enfin invités les cabinets de conseil. "On n’utilise plus les compétences que l’on a dans l’administration. On ne veut avoir d’ennuis avec personne" conclut-il.
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