Jean Sévillia publie un livre : Les habits neufs du terrorisme intellectuel: De 1945 à nos jours (Éditions Perrin).
Jean Sévillia : "Il y avait une droite d'idées qui commençait à trouver un espace de liberté"
Comme le raconte Jean Sévillia, la présence de la droite conservatrice dans le débat d’idées est assez nouvelle. "À partir des années 2000-2010, il y a eu ce qu’on appelait à l'époque un mouvement conservateur. Il y a eu un personnage comme Éric Zemmour, avec ses best-sellers. Et puis il est devenu un personnage médiatique. Avant qu'il se lance dans la politique, il a joué un rôle. Il y avait une droite d'idées qui commençait à trouver un espace de liberté, à pouvoir s'exprimer, ce qui n'existait pas auparavant."
Ce qui est également nouveau, c’est la judiciarisation des débats. "Le système du terrorisme intellectuel s'est senti un petit peu menacé. Il était tellement habitué à être seul, en situation de monopole, que le fait d'avoir une opposition l'a raidi. Un point très frappant aujourd'hui, je trouve, c'est l'accélération de la judiciarisation des débats. C'est-à-dire que pour un mot de trop sur un réseau social ou à la radio ou à la télévision, une phrase qui ne plaît pas aux vigilants, on peut se trouver menacé d'un procès. Cela ne va pas toujours jusqu'au procès, mais la menace est là. C’est assez nouveau."
"Je trouve que le niveau des débats a singulièrement baissé"
Autre chose qui est relativement nouvelle, c’est la violence… "Enfin, la violence a toujours existé : la violence politique, il y en avait pendant la guerre d'Algérie, puis dans les années 1970. Aujourd’hui, il y a une violence qui se manifeste sur certains sujets, sur les questions sociétales. Par exemple, il y a deux jeunes femmes qui ont publié l'année dernière un livre pour mettre en garde sur cette mode du transgenrisme. Et les malheureuses sont réellement persécutées aujourd'hui, elles sont victimes de vraies violences. Si elles font une conférence, on menace de saboter la réunion, etc.", a raconté Jean Sévillia.
Jean Sévillia regrette en revanche la simplification des débats. "L’autre nouveauté aussi, c'est le fait qu'il n'y a plus de grands intellectuels, et même de grands intellectuels de gauche. Sartre, par exemple, était un homme qui avait une intelligence, une culture, un niveau. Je trouve qu’aujourd’hui, le niveau a singulièrement baissé. C'est aussi le mauvais côté des réseaux sociaux : comment exprimer une pensée profonde, nuancée, sur des problèmes très complexes en 240 signes ? Moi, je ne sais pas. Donc ce côté inflammable, aller vite, faire du buzz… Normalement, un débat d'idées a besoin de recul, de profondeur et de temps. Et le système technologique et médiatique actuel ne favorise pas ce recul."
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