Caty Richard, avocate pénaliste auteur de “Crimes, délits et vies brisées, plongée au cœur de la justice et de la nature humaine" aux éditions Albin Michel, était l'invitée de Philippe David dans le Face-à-Face.
Le choix de la justice : "J'ai décidé d'être juge pour enfants, finalement l'avocature m'a choisie"
Alors qu'elle pensait être gynécologue, Caty Richard s'est finalement consacrée à la justice. "J'avais une passion pour les faits divers, j'ai décidé d'être juge pour enfants, finalement l'avocature m'a choisie". "Je rêvais de prêter serment comme magistrat, finalement j'ai passé les épreuves et sur la dernière épreuve, je suis partie avant la fin. Je me disais : les autres ont l'air beaucoup plus magistrat que moi, j'avais eu des bonnes notes dans les trois autres matières." Sa première affaire, ou plutôt sa fin, a d'ailleurs ressemblé à un baby-blues : "Quand l'affaire a été terminée, je me suis dit mais comment je vais pouvoir continuer à vivre sans eux ?"
Dans son livre, elle rassemble un certain nombre d'affaires de justice qui l'ont intéressée. "Parfois il y a des affaires qui ne sont pas du tout médiatiques et qui, pour moi, sont des belles affaires, des affaires qui m'attirent. Il y a un contexte humain, quelque chose à chercher, quelque chose à protéger." Ainsi en est-il d'une affaire où elle a défendu une jeune fille agressée. "J'avais défendu le papa vingt ans avant, c'était impossible que cette gamine ne soit pas accompagnée par moi."
"Le procès, c'est le premier jour du reste de leur vie"
"Il y a des gens qu'on a envie de défendre, on a envie de parler pour eux. Il y a des familles que je connais depuis longtemps, ils sont attachants, ils ont une façon de penser ça, j'y suis plutôt attachée". "Pour que je défende un auteur, il faut que j'ai quelque chose en lui qui m'interpelle. Ça peut être sa mère aussi. On dit que juger c'est comprendre, défendre c'est aider à comprendre." Pour les coupables comme pour les victimes, explique Caty Richard, "le procès c'est le premier jour du reste de leur vie." Il est donc important de les écouter, mais aussi de les faire rire. "Rire c'est comme manger, ça détend. Plus tout est sombre, plus il faut souffler sur une petite étincelle de vie. Tout ça c'est pour les aider à avancer dans le parcours judiciaire". "C'est quand même une osmose un avocat et un client." Cela que l'on soit avocat de la défense ou partie civile. "Défendre quelqu'un, ce n'est pas l'innocenter, c'est de faire en sorte que l'auteur soit jugé en étant compris."
Il y a pourtant des affaires moins agréables. "Parfois on fait punching-ball. Quand les gens sont en colère après tout, il faut se rendre compte que la colère descend, elle n'est pas forcément dirigée vers nous en particulier." Parfois aussi la défense que demandent les clients n'est pas possible. Caty Richard explique alors : "il y a des choses qu'on ne peut pas faire, on va réfléchir à ce qu'on peut faire ensemble", afin de faire évoluer la personne qu'elle a en face d'elle. "Parfois il faut qu'il évolue sur le terrain de la vérité". "S'il n'évolue pas, qu'il sent qu'il n'est pas capable d'évoluer dans le sens de l'empathie, forcément on a envie de plus le punir." Si cette approche ne convient pas aux clients, la relation se rompt, car Caty Richard se refuse à certaines pratiques. "Mentir pour faire acquitter quelqu'un, c'est un jeu extrêmement dangereux, ce n'est pas mon style de défense. Si on commence à leur dire ce qu'il faut dire et pas dire, c'est une catastrophe". "Si on ne se met pas d'accord, la plupart du temps c'est eux qui changent d'avocat."
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