La guerre revêt de nombreuses formes. Comment se traduit la guerre économique ? La France y est-elle confrontée ? Face à qui ? Réponse sur Sud Radio avec Arnaud de Morgny, président de l’Ecole de pensée sur la guerre économique.
Guerre économique : le déni total de la France
"La guerre économique on peut la définir de deux manières : par ses objectifs ou ses moyens. Par ses objectifs, on parle d’accroissement de richesse, d’accaparement, de prise de contrôle, de capture, et de développement de la puissance par l’économie. Par tous moyens, légaux, illégaux, voire très sales" explique Arnaud de Morgny, président de l’école de pensée sur la guerre économique.
"La notion de guerre économique, même si on en perçoit les conséquences et ses manifestations physiques, va à l’encontre du concept libéral que le commerce apporte la paix et la prospérité. Cette théorie du doux commerce, chère à Montesquieu, est devenue fertile dans l’esprit de nos décideurs politiques. Et à partir du moment où on leur dit que l’économie est un champ de bataille, c’est tellement étranger à leur culture, qu’ils ne l’acceptent pas" ajoute-t-il, expliquant le déni total des décideurs français face à cette notion de guerre économique.
Un déni insufflé par l’Union européenne
Une tendance que l’on retrouve également au niveau européen. "Si nos auditeurs pensent que l’Union européenne protège les entreprises européennes de la concurrence, c’est faux. Elle les mets sur le même niveau de compétition que la Chine, l’Indonésie, le Canada, le Japon ou les Etats-Unis" précise Arnaud de Morgny sur Sud Radio. En résumé, dormez braves gens, personne ne vous protège. Notamment face aux Américains.
Cette guerre est-elle perdue d'avance ? "Les seules guerre que l'on est sûr de perdre sont celles que l'on ne mène pas. Nos "amis" américains ont mené des stratégies d'influence et de cadrage de nos modes de pensée, et cela dès le plan Marshall. Au départ, c'était dans le cadre de la guerre froide. À la fin de la guerre froide, les Américains ont fait le choix de réorienter l'essentiel de leurs activités de renseignement vers la guerre économique. Cette hégémonie culturelle s'est ainsi développée sur les logiques de libre marché et d'accession aux esprits" conclut Arnaud de Morgny. Bref, ils se sont données les moyens pour cette guerre. Ce que la France et l'Europe pourraient être bien inspirés de faire.
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