Le catholicisme est-il en train de renier ses propres fondements avec la mondialisation ? Oui, pour Laurent Dandrieu. Le journaliste estime que l’universalisme chrétien subit une dérive, depuis plusieurs dizaines d’années, dont la conséquence est l’uniformisation concrète et politique du genre humain.
Quelle patrie pour le catholicisme ?
"Il n’y a pas d’enracinement territorial sans enracinement culturel. Une terre suppose également un peuple, une culture. Cela dépasse l’aspect strictement géographique. Mais je voulais insister sur le fait que l’on est aussi modelé par les paysages dans lesquels on vit. On est la résultante de tout cela. Nous ne sommes pas des gens interchangeables", explique Laurent Dandrieu sur Sud Radio, à propos de son livre Rome ou Babel aux éditions Artège.
"Aujourd’hui, la Nation est perçue comme un truc un peu étriqué, qui vous enferme dans un particularisme. Mais historiquement, la Nation était ce qui vous amène vers un commun plus large que vos petits enracinements particuliers", ajoute le journaliste, qui déplore aujourd’hui "des temps binaires". "Dans la question qui m’occupe, à savoir si le catholicisme est un mondialisme ou s’il présuppose l’enracinement, l’opposition entre une patrie céleste en tant que chrétien et une patrie terrestre est factice. L’appartenance à la patrie céleste n’est pas contradictoire avec le patriotisme. Elle le présuppose", ajoute Laurent Dandrieu.
La dérive de l’universalisme chrétien
Sans vouloir caricaturer le pontificat du pape François, Laurent Dandrieu rappelle que "depuis plusieurs décennies, il y a une dérive de la notion traditionnelle de l’universalisme chrétien qui supposait le patriotisme, vers une forme de mondialisme. On est passé de l’idée traditionnelle que l’universalisme est une notion spirituelle, nous sommes tous enfants de Dieu, à l’idée que l’Église travaille à l’unification concrète et politique du genre humain, ce qui me paraît une trahison assez fondamentale de l’universalisme".
"Le pontificat du pape François peut paraître très confus à ceux qui l’écoutent mais il a le grand mérite de clarifier les choses, de pousser les choses plus loin que ses prédécesseurs, de manière plus abrupte. Il est complètement dans la suite des précédents papes, mais avec plus de franchise", lance le journaliste. "Notre époque est profondément marquée par la détestation de tout ce qui est limites, contraintes, frontières", conclut Laurent Dandrieu. Une tendance qui touche aussi l’Église, selon lui.
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