Jérémie Bréaud, maire de Bron, évoquait au micro d'André Bercoff le quotidien des maires, entre combat contre la drogue, gestion des mariages générateurs d'incivilités et relations avec la métropole de Lyon.
Copinage à la métropole de Lyon : "On travaille avec tous les maires pour que ça puisse cesser"
"Être maire, c'est gérer le problème du quotidien des habitants", explique Jérémie Bréaud. Ce travail consiste pour lui à faire le lien entre "avoir une vision à 30-40 ans" et les problèmes des habitants. "Pour vous, ce n'est pas la priorité mais pour eux, ça leur mine le quotidien". "Je n'ai pas le recul de certains de mes collègues mais ceux-ci me disent que c'est de plus en plus compliqué". "Ce qui nous reste, c'est le pouvoir d'instruire les permis de construire, bien que la métropole voulait nous le prendre, le pouvoir de police municipale : j'ai multiplié par trois les objectifs de police." En revanche, "on n'a pas la compétence voirie, on ne l'a plus, la métropole du jour au lendemain modifie le sens de circulation, va installer une piste cyclable."
À Bron, qui est "la sixième ville la plus peuplée de la métropole de Lyon", la relation avec la métropole n'est justement pas toujours simple. Cette métropole est "une communauté de communes avec des spécificités, elle est unique en France". "Jusqu'à présent, il y avait une sorte de co-gestion entre le président de la métropole et les maires. Là pour la première fois, vous avez un passage en force", dénonce Jérémy Bréaud, qui souligne que sur les 58 maires de la métropole, une quarantaine se plaignent régulièrement que leurs avis ne soient "absolument pas respectés". "C'est une politique qui est menée en faveur des petits copains. On travaille avec tous les maires pour que ça puisse cesser, revoir le mode de scrutin pour que chaque maire puisse être représenté à la métropole."
Insécurité : "On est passé de 130 voitures qui brûlaient en 2020 à une petite trentaine"
"J'ai été élu sur la thématique de la sécurité", explique Jérémy Bréaud, qui précise que les premiers à souffrir de l'insécurité sont les quartiers populaires. "C'est pour eux qu'il faut se battre", car en diminuant l'insécurité, "vous arrivez à faire revenir des commerces de proximité, vous ramenez la vie dans votre commune". "On est passé de 130 voitures qui brûlaient en 2020 à une petite trentaine, il n'y a plus de mariages qui débordent. J'ai été élu en juin-juillet 2020, il fallait très rapidement montrer que nous étions au travail, ça a été la fin des mariages qui débordent, on rentre en mairie avec des fumigènes, on arrive avec 45 min de retard."
Comment Jérémy Bréaud a-t-il mis fin à ce type de mariages ? "Je m'occupe de faire signer une charte." Si la charte ne permet pas au maire d'annuler le mariage, elle impose certaines règles. "Si vous arrivez avec plus de 30 min de retard, si vous arrivez avec des groupes de musique, avec un drapeau, n'importe quel drapeau", alors le mariage est reporté à lundi, 8 heures du matin. De plus, "on ne marie plus l'après-midi, ça reste encore fragile", mais le phénomène a pour le moment "totalement disparu."
"Le fléau qu'on a, comme partout en France, c'est la drogue"
"Deuxièmement, on a multiplié les actions de terrain, ça n'a pas plu à ce qui tenait le quartier. J'ai eu des tags indiquant 'Bréaud on va te décapiter', en février 2021 la voiture de mon directeur de cabinet a été caillassée. Nous étions juste à côté, suite à ça, j'ai été sous protection policière 24/24", explique Jérémy Bréaud. "Il y aura toujours des incivilités mais ce qui pourrissait le quotidien a quasiment disparu."
"Le fléau qu'on a, comme partout en France, c'est la drogue. Ça fait vivre tellement de personnes, parfois des allées entières dans les immeubles, là-dessus je n'ai pas la solution." En effet, le problème est multi-facettes. "Il y a un vrai travail à faire avec les bailleurs, au niveau de la mixité sociale dans les quartiers. Il faut éviter de créer des ghettos en mettant des personnes de même origine au même endroit, l'un de nos plus gros dossiers, c'est la rénovation urbaine de l'un des quartiers de la ville, passer de 99% de logement social à 40%."
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