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"Il y a une certaine tiersmondisation du centre-ville de Marseille"

Pourquoi la situation en matière de drogue n'a-t-elle jamais été prise au sérieux par les autorités ? André Bercoff en parle sur Sud Radio le jeudi 20 mars 2025 avec Stéphane Ravier, sénateur des Bouches-du-Rhône, président de "Marseille d'abord".

Marseille drogue
Miguel MEDINA - AFP

Du lundi 17 au vendredi 21 mars 2025, l’Assemblée nationale examine en séance publique la proposition de loi, adoptée par le Sénat après engagement de la procédure accélérée, visant à sortir la France du piège du narcotrafic.

"Il y a vingt ans, il y avait déjà des réseaux de drogue, ils étaient capables de maintenir une sorte de paix sociale, mais qui cachait un trafic très important"

"Le gouvernement prend le taureau par les cornes - il était temps, mieux vaut tard que jamais. Mais il le prend quand même par le bout des doigts. La réalité, c'est qu'aujourd'hui nous sommes dans une situation extrêmement grave. Moi, ça fait longtemps que je ne parle même plus de narcotrafiquants mais de narcoterroristes, un terme qui a été repris par Madame Pécresse il y a peu", a commenté Stéphane Ravier.

"Il y a déjà 20 ans, à Marseille, les cités n'avaient pas bougé lorsque les banlieues s'étaient enflammées. Les autorités politiques locales s'enorgueillaient de la politique locale qui avait fait en sorte que Marseille était restée unie, était restée dans la paix et dans la concorde. Et moi, je faisais savoir qu'au contraire, si ça n'avait pas bougé, c'était parce que les trafiquants de stup' tenaient presque physiquement les cités. Il y avait déjà des réseaux de drogue, ils étaient capables de maintenir une sorte de paix sociale, mais qui cachait un trafic très important. Vingt ans plus tard, ça y est, on découvre l'humidité de l'eau !", s'émeut Stéphane Ravier.

"Ça arrangeait les politiques que dans ces cités on ne réclame pas d'emplois, qu'il n'y a pas de mouvements sociaux"

Stéphane Ravier dénonce l'approche qui est depuis longtemps celle du gouvernement vis-à-vis du problème de la drogue. "Les autorités se sont accommodées très vite, soit par déni, soit par approche de la drogue d'un côté festif : 'c'est pas très grave'. Cela, sans vouloir jamais aborder ce qui est pour moi une priorité, à savoir le problème de la santé publique. Et puis, ça arrangeait les politiques que dans ces cités on ne réclame pas d'emplois, qu'il n'y a pas de mouvements sociaux… Et puis ça faisait tourner le commerce. Car ces jeunes qui vendent, ils consomment sur place : la famille paie le loyer, ils partent en vacances, pour beaucoup d'entre eux, au bled, et puis ils vont dans le centre-ville faire tourner l'activité économique légale. Donc, tout le monde s'est accommodé de ça, et ça a totalement dégénéré."

Même la Chambre de commerce et d'industrie alerte sur la situation autour de la drogue dans le centre-ville de Marseille. "Aujourd'hui, à Marseille, c'est la Chambre de commerce et d'industrie qui tire la sonnette d'alarme. On ne parle plus des cités perdues pour la République, des quartiers nord, mais du centre-ville de Marseille, c'est-à-dire la Canebière, Vieux-Port… Le centre-ville est investi par des commerces de piètre qualité, - les épiceries, les barbershops, les ongleries… dont les propriétaires changent tous les trois mois. Il y a donc une certaine tiersmondisation du centre-ville de Marseille. Ça fait longtemps que c'est le cas dans les quartiers nord, où la situation du stup déséquilibre totalement l'activité économique légale. Et donc désormais, elle détériore le quotidien du centre-ville et l'image même da ville de Marseille."

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