Pour Martin Blachier, la santé doit et va devenir un objectif politique. Pour cela, faut-il encore commencer à la mesurer réellement.
Martin Blachier : "En dehors de sauver la planète, je ne vois pas quel objectif politique on a réellement"
"J’ai l’impression que dans le monde de la santé, il y aura un avant et un après. Pour moi, la santé va devenir un objectif politique. Or, pour l’instant elle ne l’est pas. En effet, on ne mesure pas la santé : on sait si on est vivant ou mort, on mesure quelques cancers ou infarctus, mais en dehors de ça on ne s’intéresse pas à la santé de la populations. Ce n’est pas un objectif politique. Car en dehors de sauver la planète, je ne vois pas quel objectif politique on a réellement.
On parle des soignants, car on a un système de santé qui va s’écrouler, comme dans la plupart des autres pays développés. On parle du système de santé. Mais la santé, ce n’est pas ça – la santé, c’est la mesure du vivant. Il n’y a pas un politique qui, à la fin de son mandat, puisse dire : j’ai amélioré la santé des gens. Ils ont des objectifs économiques, des objectifs de sécurité, d’immigration, mais ils n’ont pas d’objectifs de santé de leurs populations", a déclaré Martin Blachier.
"On a trop de sollicitations extérieures qui induisent des comportements de santé qui ne sont pas vertueux"
"Pour moi, les deux secteurs d’activité desquels dépend vraiment le système à l’avenir, c’est les systèmes d’information (réseaux sociaux notamment) et l’agroalimentaire. C’est là que ça se passe. Il y a des adultes qui ne sont pas capables de faire face à la complexité du monde et qui vont plonger dans des pièges qui ont été faits pour les attirer. Je vais vous donner un exemple : l’addiction. Vous allez toute de suite penser à la drogue. Mais je veux parler d’autre chose. Les gens qui vous vendent quelque chose vous rendent addict à la consommation. Pourquoi aujourd’hui y a-t-il du gras et du sucre dans tous les aliments ? Parce que c’est la manière de rendre votre cerveau addict à ces aliments.
Aujourd’hui on vit assez longtemps, mais on a une qualité de vie qui n’est pas très bonne. Honnêtement, quand on regarde les indicateurs, les gens sont beaucoup trop gros, trop addicts à tout, en mauvaise santé mentale… Ils ont trop de sollicitations extérieures qui induisent des comportements de santé qui ne sont pas vertueux. Il faut donc les ramener vers des comportements vertueux. La force qu’il faut, c’est la force de s’opposer à l’industrie", a poursuivi Martin Blachier.
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