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Max Chaleil : "Certaines civilisations n'ont jamais connu la prostitution"

Par Jean Baptiste Giraud

L’écrivain Max Chaleil était l'invité de "Bercoff dans tous ses états" le 12 avril 2023 sur Sud Radio.

Max Chaleil
Max Chaleil, invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Max Chaleil est l'auteur du livre Le monde de la prostitution (Éditions de Paris).

 

Max Chaleil : "Les maisons closes ont eu une existence légale jusqu’en 1946"

Comme le raconte Max Chaleil, la prostitution a commencé en Grèce antique. "Avant la prostitution publique il y avait la prostitution sacrée, en hommage aux forces terrestres. Les prostituées sacrées sont dans les temples en Grèce et au Moyen-Orient. La prostituée joue un rôle sacré en quelque sorte. Mais cette forme basculera assez vite. Encore qu’il faut savoir qu’il y a des pays, des civilisations qui n’ont jamais connu la prostitution. En Mélanésie, au Tibet, par exemple, il n’y avait pas de prostitution. Les Chinois ont introduit la prostitution au Tibet en envahissant le Tibet. Il y avait l’hospitalité sexuelle, mais il n’y avait pas de dû, il n’y avait pas de paiement.

 


La prostitution naît avec la cité. Il y a tous ces gens qui affluent vers les villes, ce prolétariat. Au début la prostitution est taboue. Peu à peu, la thèse du moindre mal fait son chemin : il faut protéger les femmes respectables. On va donc tolérer les clapiers et les bords d'eaux (d’où le bordel). Pendant le Moyen-Âge, les bordels devaient être à une certaine distance des églises. Et on arrive à la Révolution : le Palais Royal était infesté de prostituées. Robespierre a essayé de limiter ça en leur lisant des textes patriotiques – ça ne marche pas beaucoup. Quoi qu’il en soit, la législation que fera plus tard Napoléon tiendra de 1808 à 1946 et sera imitée par nombre de pays dans le monde. C’est la mise en place de maisons closes, qui ont des horaires, où les prostituées sont surveillées, elles ne sortent pas n’importe comment. Cette institution est dirigée par une femme respectable, pas une femme de mauvais caractère ni un homme", a raconté Max Chaleil.

"Les banlieues ont fabriqué de jeunes proxénètes"

"Ensuite, une fois les maisons closes rendues hors la loi dès 1946, il y aura des hôtels de passes et des maisons clandestines. Il y en aura une à la Goutte d’Or pour les travailleurs immigrés, où les filles étaient astreintes à des cadences de 80 ou parfois même 100 clients par jour.

 


En puis la prostitution va changer : il y aura le téléphone, puis Internet, ce sera beaucoup plus par rendez-vous qui seront organisés par téléphone ou Internet. On aura moins de prostitution visible. Le but du pouvoir est de tarir la prostitution visible, qu’on ne la voie plus. Si on ne la voit plus, elle n’existe plus. Le proxénétisme aussi va rajeunir : les banlieues ont fabriqué de jeunes proxénètes, des proxénètes de 15-16 ans qui prostituent leurs copines. On a une nouvelle forme de prostitution, qui est intense. Mais qui n’est pas aussi visible", a poursuivi Max Chaleil.

 

 

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