Selon Michel Maffesoli, ceux qui nous gouvernent sont en train de mener un combat d'arrière-garde. En même temps, Internet aidant, il y a un réenchantement du monde.
Michel Maffesoli : "Les formes d’entraide sont beaucoup plus générales qu’on ne le pense"
"Il y a une vraie déconnexion entre la puissance établie et la puissance populaire. Le pouvoir établi continue de rester sur les grandes valeurs de travail, d’individualisme, de rationalisme. Alors que, selon moi, ce qui est le propre même de ces soulèvements en gestation, c’est justement le retour de la figure dionysiaque.
Je pense que c’est une façon de penser la vie sociale d’une manière très marxisante, l’infrastructure économique. Alors que de mon point de vue il y a un retour de la spiritualité. Quand on regarde les réseaux Internet, les mots qui apparaissent, c’est solidarité, générosité, partage, entraide… Ce sont des mots anciens, bien ancrés. Il me semble que les formes d’entraide sont beaucoup plus générales qu’on ne le pense et qu’on ne le dit. Et, Internet aidant, il y a un réenchantement du monde", a déclaré Michel Maffesoli.
"C’est tout simplement la fin des Lumières"
Comment Michel Maffesoli résumerait-il la doxa actuelle, le discours dominant ? "Individualisme, rationalisme, progressisme. Voilà le tripode à partir duquel se sont construits au 18e siècle Descartes et la philosophie des Lumières, au 19e siècle les grands systèmes sociaux, et le 20e siècle, tant bien que mal, a continué cela. C’est ce qui sert de base au discours officiel.
Mon travail depuis une quarantaine d’années, c’est le roi clandestin. Pour moi c’est Dionysos, le roi clandestin. Le roi officiel, c’est Prométhée ou Apollon, le travail… Vous savez, pour Marx, la figure mythique numéro un, c’est Prométhée déchaîné. C’est une belle image pour le 19e siècle, c’est le début de l’industrie. Mais dans le balancement des histoires humaines, il y a des moments où prédomine cette figure prométhéenne, et il y a d’autres moments où revient en force la force dionysiaque", a répondu Michel Maffesoli.
Et comment Michel Maffesoli définirait-il l’époque actuelle ? "C’est tout simplement la fin des Lumières. C’est un combat d’arrière-garde. Et des combats d’arrière-garde, ce sont les plus sanglants. On pressent qu’on a perdu, donc on tue. Pour moi, la stratégie de la peur, le wokisme notamment, est tout simplement un combat d’arrière-garde. C’est une pensée verticale : 'moi, je sais, toi, tu sais pas. Toi, t’es nul'."
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