La franc-maçonnerie, le Grand Orient, simple club politique ? C’est l’avis du sociologue Michel Maffesoli, qui explique dans son dernier livre que la maçonnerie sociétale a délaissé la recherche et la réflexion au profit de symboles et de rituels de salon.
La disparition d’une dimension spirituelle au Grand Orient
Dans son dernier livre, Michel Maffesoli s’intéresse à ce qui a toujours été de l’ordre du fantasme, du secret, à savoir la plus grande obédience maçonnique en France. Et il s’intéresse plus particulièrement à ses dérives. La subtilité, c’est que Michel Maffesoli en parle après y avoir demeuré près de 50 ans, avant d’avoir donné sa démission, et d’en avoir été exclu.
Une vengeance personnelle à l’encontre de ce qu’il qualifie d’ONG ou de club politique ? "Pas du tout. Je suis assez serein. C’est une analyse que je fais. A partir d’une expérience qui a été la mienne, j’ai réalisé que cela perdait de ce qu’était à l’origine la tradition maçonnique" répond-il sur Sud Radio. "Dans toute société, de longue date, il y a toujours eu des sociétés de pensée ésotériques. Et on a perdu une belle dimension de cette pensée ésotérique, à savoir l’accent qui a été mis sur une dimension spirituelle, inaliénable de cette espèce animale qui est la nôtre. Le Grand Orient a gommé progressivement cette dimension symbolique et spirituelle, pour aboutir à ce que j’appelle un club" ajoute-t-il.
"Quelque chose de l'ordre de l'Inquisition"
Aujourd’hui, précise Michel Maffesoli, "65% des apprentis du Grand Orient le quittent avant la fin de l’année. C’est un symbole. Ils se rendent bien compte que ce pourquoi ils étaient venus, cette recherche spirituelle, n’était plus pris en compte" lance-t-il au micro d’André Bercoff, rappelant qu’il y a toujours au départ du vivre-ensemble quelque chose de mystique, de spirituel. "Et puis ensuite on observe une dégradation, un abatardissement, qui rend la chose politique. C’est exactement cela qui est en jeu" précise-t-il.
"Je ne suis pas d’accord avec toi mais je me battrais toujours pour que tu puisse l’exprimer". Cette phrase de Voltaire n’a visiblement plus voix au chapitre, pour Michel Maffesoli. Un comble pour un auteur qui a lui-même fait partie de cette obédience. "Il y a désormais quelque chose de l’ordre de l’Inquisition. On exclut à partir d’un dogme. […] Maintenant on est complotiste si on pose des questions. Pourtant, c’était cela l’essence de la maçonnerie". Les temps ont changé.