A-t-on oublié de dire oui ? Dans la tradition française, le non est quelque chose de fort, de culturel. Pourtant, pour Michel Maffesoli, il existe dans le peuple français un oui, subreptice. Dans un climat de totalitarisme de la pensée.
Michel Maffesoli : "tous les pouvoirs détestent les questions"
"Il y a une veille tradition dans notre culture qui veut toujours dire non, dans le fond. Il y a dans l’intelligentsia française une espèce de marxisation des esprits, qui repose sur ça, dire non. J’ai été formé par une pensée affirmative, la pensée nietzschéenne. Il y a un oui qui est là, subreptice. J’ai poursuivi ma carrière en essayant de montrer tant bien que mal qu’à l’opposé de cela, il y a de mon point de vue, quelque chose qui dans le peuple sait dire oui", explique Michel Maffesoli sur Sud Radio.
Dire oui, c’est mettre de côté ses peurs. "Or le temps des peurs est une imposition de la pensée unique » lance le sociologue. « La vie, c’est la coïncidence des choses opposées. C’est ça la vie. Quand Aristote fait la différence entre la pensée et la doxa, il explique que la seule différence c’est de poser bêtement des questions" précise-t-il. Or tous les pouvoirs détestent les questions. "C’est le vrai problème actuel. Chaque fois que quelque chose est en fin de course, ces élites sont en fin de course, pressentant leur fin, ces élites deviennent totalitaires. Ce sont des combats d’arrière-garde", estime Michel Maffesoli.
L’essor de la post-modernité
Face à cela, précise Michel Maffesoli, il y a une jeune génération qui arrive, et qui se pose des questions. Voire qui pose des questions. Qui s’interroge. "Et l’on voit resurgir des mots tels que générosité, partage, solidarité, qui sont des mots ringards depuis que l’économisme les avait mis de côté. C’est cela, la post-modernité, la synergie de l’archaïsme et du développement. C’est plutôt cette tendance qui est en train de dominer", lance encore le sociologue sur Sud Radio.
Néanmoins, Michel Maffesoli est convaincu qu’il existe aujourd’hui une vraie forme de totalitarisme, qui part de celui qui sait. "Moi je sais, et toi tu ne sais pas. Tu te soumets, je te protège. On revient à cette idée fondamentale qui est celle du questionnement. La piété de la pensée. De mon point de vue, c’est la fin de l’idéal démocratique, et de la liberté", conclut-il.
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