Au Niger, la junte ayant pris le pouvoir a sommé l’ambassadeur français de quitter le pays. Les relations entre Niamey et la France sont au point mort. Et risquent de continuer à l'être un moment. Analyse de l’historien Bernard Lugan.
Au Niger, les putschistes ont réclamé le départ de l’ambassadeur de France, qui se retrouve sous haute protection dans son ambassade de Niamey, entourée par des foules immenses. Si bien qu'Emmanuel Macron a apporté un soutien sans faille au diplomate. Car la France ne reconnaît pas l’autorité de la junte ayant pris le pouvoir au Niger. Dès lors, que peut-il se passer ?
L'affolement des pays au contact du Niger
"La situation économique est dramatique. Le pays n’a plus d’argent. Au point de vue sécuritaire, l’armée nigérienne s’étant passée du soutien de l’armée française, les groupes terroristes détiennent le pays. Et les forces armées nigériennes sont en train de perdre des dizaines d’hommes. Des essaims de motos attaquent des convois militaires entiers. La conséquence de cette perte de contrôle, c’est que les pays au contact du Niger sont affolés, car ils ont peur que la contagion descende chez eux" explique l’historien Bernard Lugan, auteur de Histoire du Sahel, des origines à nos jours aux éditions du Rocher.
Toutefois, politiquement, Bernard Lugan estime que la situation peut également dégénérer. "La junte est très divisée. Vous avez un général soit disant pro-russe, un autre pro-américain, et un dernier qui est le sous-marin de l’ancien président. Une situation complètement explosive" ajoute-t-il au micro d’André Bercoff sur Sud Radio. En raison de cela, se pose la question d’une intervention militaire, pour l’instant en suspens.
Quatre scénarios possibles
"Il y a quatre scénarios possibles si on regarde la chose calmement, sans passion. La première hypothèse, c’est l’essoufflement du mouvement. Ce n’est pas surréaliste. On sent que le mouvement commence à s’essouffler avec un règlement à l’africaine. La deuxième hypothèse, c’est la crispation. Et nous avons sur zone tous les moyens nécessaires pour intervenir, avec 1.500 hommes" précise l’historien.
"La troisième hypothèse, c’est la plus évidente : un coup d’Etat dans le coup d’Etat. La junte est dans une impasse complète. Ce ne sont pas les manifestants avec des drapeaux russes qui vont faire manger les gens et empêcher les jihadistes de continuer à attaquer. La quatrième hypothèse, c’est l’intervention militaire de la CDAO, le Nigeria, la Côte d’Ivoire et le Bénin. Ces quatre hypothèses ne sont pas séparées. Elles peuvent se rejoindre" conclut Bernard Lugan sur Sud Radio.
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